Avec des appels croissants à se retirer venant de son propre camp, François Fillon, le candidat de la droite à la présidentielle en France, est de plus en plus fragilisé par le scandale des emplois fictifs présumés de son épouse mais il a promis vendredi de tenir bon.

« Je n'ai jamais réellement été son assistante ou quoi que ce soit de ce genre ». Cette phrase, prononcée par Penelope Fillon dans un entretien filmé en 2007 pour un journal britannique et diffusé jeudi soir par la chaîne de télévision publique France 2, a un peu plus jeté le trouble sur la réalité du travail fourni par l'épouse du candidat conservateur.

L'émission suivie par quelque 5,4 millions de téléspectateurs a attisé les inquiétudes de la droite sur la capacité à se maintenir du candidat, qui a chuté de sa place de favori des sondages pour la présidentielle depuis le « Penelopegate ».

François Fillon « a abusé du système et d'un point de vue moral, les Français ne pourront pas l'accepter. Il a perdu son crédit. Il doit se rendre à l'évidence », a résumé vendredi le député européen de droite Renaud Muselier.

« On est pollué par cette affaire qui a cassé l'élan de cette campagne présidentielle », a regretté Rachida Dati, elle aussi députée européenne de droite et ancienne ministre de la Justice du président Nicolas Sarkozy (2007-2012).

Le député de droite Georges Fenech avait estimé plus tôt dans la semaine que le résultat de la primaire ayant désigné François Fillon était désormais « caduc ».

Certains évoquent déjà un « plan B » pour remplacer ce dernier. Parmi les noms qui circulent, celui du finaliste malheureux de la primaire de la droite, l'ancien premier ministre Alain Juppé, ou encore François Baroin, ex-ministre, patron de l'Association des maires de France.

Mais François Fillon refuse de désarmer. « Je tiendrai bon face à ceux qui dans l'ombre tentent de m'atteindre », a-t-il promis vendredi soir dans un message vidéo adressé à ses soutiens.

« Je comprends que ces accusations troublent certains d'entre vous en raison de leur martèlement » et « des sommes avancées », admet-il toutefois.

Le Pen et Macron

Le parti d'extrême droite Front National, dont la candidate Marine Le Pen est en tête des intentions de vote au premier tour du scrutin du 23 avril, a aussi accentué sa pression sur le candidat de droite.

« Je souhaite que François Fillon prenne ses responsabilités et se retire de cette élection présidentielle », a déclaré vendredi son vice-président, Florian Philippot.

Marine Le Pen, elle-même visée par des accusations d'emploi fictif concernant une assistante payée sur des fonds européens pour effectuer d'autres tâches, lancera officiellement sa campagne ce week-end à Lyon, dans l'est de la France.

Dans la même ville, le centriste Emmanuel Macron organisera également un grand rassemblement pour préciser son programme. Il se qualifierait pour le second tour de la présidentielle avec 23 % des voix derrière Marine Le Pen (27 %), selon un sondage publié cette semaine.

À la suite de révélations de l'hebdomadaire satirique Le Canard enchaîné, la justice française a ouvert une enquête sur les emplois présumés fictifs de Mme Fillon en tant qu'assistante parlementaire de son mari, puis de son suppléant, qui lui auraient rapporté au total plus de 830 000 euros. Deux enfants du couple auraient aussi perçu un total de 84 000 euros, également en qualité d'assistants parlementaires.

L'enquête se poursuivait vendredi. Le Sénat a indiqué qu'il allait transmettre à la justice des documents concernant les emplois occupés par les enfants de François Fillon quand ils étaient ses collaborateurs à la Haute Assemblée. Son ancien assistant parlementaire et « plume », Igor Mitrofanoff, a aussi été entendu par la police, selon une source proche du dossier.