Le gouvernement séparatiste de Catalogne a organisé une grande réunion vendredi à Barcelone pour préparer l'organisation d'un véritable référendum sur l'indépendance de cette région du nord-est de l'Espagne, tout en disant rechercher l'accord de Madrid pour le faire.

Le gouvernement de la région avait déjà tenté de célébrer un tel référendum, il y a deux ans, mais avait dû finalement se résoudre à une simple consultation symbolique, sans valeur juridique, car interdite par la justice espagnole.

Désormais, il voudrait être autorisé à célébrer un référendum d'autodétermination de la région en bonne et due forme, comme celui accordé en 2014 par Londres à l'Écosse, qui s'était soldé par la victoire du «non» à la sécession.

Partis séparatistes ou seulement favorables au droit à l'autodétermination, syndicats, associations: tous étaient invités au Parlement vendredi soir par le président de la Catalogne, le séparatiste Carles Puigdemont, afin de constituer un «pacte national pour le référendum».

«C'est un espace qui naît avec une grande transversalité et pluralité», avec «un dénominateur commun qui est la volonté de célébrer en Catalogne un référendum (...) et de le faire en accord avec l'État», a ensuite expliqué Carles Puigdemont (conservateur, nationaliste).

M. Puigdemont avait à de nombreuses reprises assuré qu'il convoquerait coûte que coûte un référendum, avec ou sans l'accord de Madrid. Mais il a cette fois modéré son discours, pour rallier le camp des partisans de la charismatique maire de Barcelone Ada Colau, qui plaide pour un référendum légal et reconnu.

«Opération dialogue»

Figure de référence des nouveaux mouvements de gauche de la région, cette ancienne militante du droit au logement s'est toujours montrée ambiguë sur la question de la sécession, tout en plaidant résolument pour un référendum d'autodétermination, au nom de la démocratie.

M. Puigdemont a reconnu qu'il allait falloir lancer «une campagne», dans le but de convaincre «le gouvernement espagnol et la communauté internationale qu'il y a beaucoup de gens (...) qui sont d'accord pour que les Catalans puissent voter et décider du type de lien de leur région avec l'État».

Le même jour à Madrid, le porte-parole du gouvernement espagnol, Íñigo Méndez de Vigo, a cependant averti qu'«il n'y aura pas de référendum d'autodétermination en Espagne car cela va à l'encontre de la Constitution».

Cette réunion visait aussi à souder la coalition séparatiste catalane, alliance de partis allant de la droite conservatrice jusqu'à l'extrême gauche. Elle a eu lieu alors que Madrid vient de déclencher une «opération dialogue», après des années d'éloignement.

Le chef du gouvernement conservateur Mariano Rajoy a confié cette mission à la vice-présidente Soraya Sáenz de Santamaría, qui se rend désormais quasiment chaque semaine à Barcelone. Elle a récemment promis d'examiner une liste de requêtes d'ordre socio-économique envoyée il y a plusieurs mois par M. Puigdemont, tout en écartant toute possibilité de référendum.

«Pas seulement des mots»

Pour Miquel Iceta, dirigeant du Parti socialiste en Catalogne, il faudra que «le gouvernement se dépêche». Avec des gestes concrets, «pas seulement des mots», a-t-il dit à l'AFP.

Vendredi, l'ancien président catalan Artur Mas a appris la date de son procès pour «désobéissance grave»: il sera jugé à partir du 6 février pour avoir organisé la consultation symbolique du 9 novembre 2014 sur l'indépendance de sa région.

Quelque 2,3 millions de personnes -sur six millions d'électeurs potentiels- avaient participé. Huit sur dix s'étaient prononcées en faveur de la sécession.

Actuellement, selon les sondages, les partisans d'un maintien en Espagne et ceux d'une sécession seraient à égalité.

«Nous voulons un référendum et non un nouveau 9 novembre», a lancé Ada Colau, à l'issue du «sommet» de vendredi auquel elle participait. Mais la maire de Barcelone a plaidé qu'il valait mieux «ne pas fixer de date», car «si cela n'est pas tenu, cela crée surtout de la frustration».

Or M. Puigdemont avait promis d'organiser rapidement ce référendum, au plus tard en septembre.

Cela reste une exigence de la CUP (Candidature d'unité populaire, anticapitaliste), partenaire sans lequel le gouvernement de M. Puigdemont n'aurait plus de majorité.