Cinq personnes, dont une femme, ont été interpellées vendredi soir lors d'une opération policière franco-espagnole contre l'organisation séparatiste basque ETA à Louhossoa, près de Bayonne (sud-ouest), a annoncé dans la nuit le ministère français de l'Intérieur.

«Une importante saisie d'armes, d'explosifs et de munitions» a également été réalisée, a-t-on indiqué de même source.

L'opération a été menée, sur commission rogatoire du Parquet anti-terroriste à Paris, par des enquêteurs de la police judiciaire française, assistés de policiers de la Guardia Civil espagnole. Des policiers de l'unité d'élite du Raid étaient également sur place.

Les cinq personnes, toutes de nationalité française, ont été interpellées dans une grande maison de Louhossoa, bourgade d'environ 600 habitants, située sur la route allant de Bayonne à Saint-Jean-Pied-de-Port (Pyrénées-Atlantiques).

Parmi elles figurent le président d'honneur de la Ligue française des Droits de l'Homme, Michel Tubiana, et une journaliste, Béatrice Haran-Molle, propriétaire de la maison.

«L'interpellation de cinq individus en relation avec l'organisation terroriste ETA» est «un nouveau coup dur porté à ETA», a déclaré le ministre français de l'Intérieur, Bruno Le Roux, dans un communiqué, tout en se félicitant «d'une excellente coopération entre les services et avec les autorités espagnoles».

Dans un tweet, le ministère espagnol de l'Intérieur a annoncé que «la Guardia Civil avait porté un coup à l'arsenal de la bande terroriste ETA en France».

Toute autre est l'interprétation fournie dans les milieux nationalistes basques: le site en ligne Mediabask, proche du quotidien basque espagnol Gara qui exprime parfois les positions d'ETA, a publié une lettre que lui ont adressé trois des personnes interpellées, dont Michel Tubiana, affirmant qu'elles avaient décidé «d'enclencher le processus de désarmement de l'organisation armée et procéder à la destruction d'un premier stock d'armes». Ce stock «correspond à environ 15% de l'arsenal d'ETA».

Tous trois justifient leur action par leur volonté de «contribuer à un avenir sans violence et démocratique pour le Pays Basque».

Le 5 novembre 2016, un des derniers chefs d'ETA encore dans la clandestinité, Mikel Irastorza, avait été arrêté à Ascain, près de Bayonne, puis mis en examen et écroué à Paris. Le 14 décembre, un autre militant basque espagnol d'ETA avait été arrêté à Marseille (sud). Ces deux arrestations avaient également été opérées conjointement par les polices française et espagnole.

Au nom de sa lutte pour l'indépendance du Pays Basque et de la Navarre, ETA (Euskadi Ta Askatasuna, Pays Basque et Liberté) a mené une campagne d'attentats qui a causé la mort de 829 personnes, selon les autorités espagnoles et françaises, les années 1980 ayant été les plus sanglantes.

En octobre 2011, ETA a renoncé définitivement à la violence, mais elle n'a pas depuis remis ses armes et refuse de se dissoudre. ETA réclame pour cela une négociation avec les États espagnol et français sur le sort de ses quelque 400 membres détenus dans ces deux pays, ce que Madrid et Paris refusent.