Six personnes ont été arrêtées mercredi après un incendie qui a fait au moins 12 morts, des enfants pour la plupart, dans un internat de filles du sud de la Turquie, suscitant l'indignation dans le pays.

L'incendie, probablement causé par une défaillance électrique, selon les premières constatations des autorités locales, s'est déclenché mardi soir et a ravagé l'internat dont les rescapés ont pu s'échapper en sautant par les fenêtres.

«Une adulte, 10 écolières et une enfant sont mortes» dans l'incendie qui a également fait 24 blessés, a indiqué mercredi le vice-premier ministre Veysi Kaynak, qui s'est rendu sur les lieux accompagné de plusieurs ministres.

«Ces enfants étaient l'avenir de leurs familles, mais aussi l'avenir de notre pays», a-t-il déclaré.

Six personnes, dont le responsable de l'internat, ont été interpellées et placés en garde à vue après l'ouverture d'une enquête pour «homicide par négligence», a rapporté l'agence de presse Dogan.

D'après les premiers éléments de l'enquête, les corps des victimes ont été retrouvés au troisième étage du bâtiment, à proximité de la porte donnant sur l'escalier de secours qu'elles n'ont vraisemblablement pas réussi à ouvrir.

Selon le secrétaire général du syndicat d'enseignants Egitim-Is, Mehmet Balik, l'internat est géré par une influente communauté islamique connue sous le nom de «Süleymanci».

De nombreux établissements scolaires et internats privés sont gérés par des fondations religieuses en Turquie, une situation dénoncée par des opposants et des syndicats d'enseignants qui estiment qu'il est impossible de contrôler efficacement leur fonctionnement.

L'issue de secours fermée à clé ?

Le principal parti prokurde, le HDP, a ainsi accusé le gouvernement de ne pas investir suffisamment dans l'éducation, réduisant de nombreuses familles modestes à scolariser leurs enfants dans ce type d'établissements privés et souvent gratuits.

«Condamner nos enfants à intégrer des internats qui ne sont pas contrôlés et où ils sont exposés à toutes sortes d'abus est une honte, un crime», a dénoncé le HDP dans un communiqué.

Balayant ces allégations, le vice-premier ministre Kaynak a affirmé que l'internat ravagé par l'incendie avait été contrôlé en juin dernier et fonctionnait avec «une autorisation de notre ministère de l'Éducation».

Selon le maire d'Adana, Hüseyin Sözlü, les personnes tuées dans l'incendie ont été prises au piège: «Il semble que la porte de l'escalier de secours était fermée à clé», a-t-il déclaré.

Mais ses propos ont été démentis quelques heures plus tard par M. Kaynak qui a assuré que la porte de l'issue de secours «n'avait même pas de serrure».

Parmi les victimes figure la fille âgée de 4 ans du responsable de l'internat placé en garde à vue, a rapporté Dogan.

Selon l'agence Dogan, les autorités effectuaient mercredi des relevés ADN afin d'identifier les corps.

Plusieurs pensionnaires de cet internat ont réussi à fuir le brasier en sautant par les fenêtres, selon le gouverneur de la province d'Adana, Mahmut Demirtas.

D'autres responsables ont souligné que les flammes avaient progressé rapidement à cause des revêtements en bois à l'intérieur du bâtiment.

«S'il y a la moindre négligence, les responsables en paieront le prix», a affirmé la ministre de la Famille et des Politiques sociales Fatma Betül Sayan Kaya.

De nombreuses familles des victimes citées par les médias ont déclaré avoir inscrit leurs enfants dans cet établissement parce que l'internat public local est en cours de rénovation.

La mort des pensionnaires de l'internat dans l'incendie a suscité l'indignation sur les réseaux sociaux. Sur Twitter, le mot-clic #çocuklaryaniyor («les enfants brûlent», en turc) était parmi les plus partagés.

«Nous sommes devenus une nation qui n'arrive plus à protéger ses enfants», a déploré sur Twitter un internaute.

L'autorité des médias (RTÜK) a imposé une interdiction de diffuser des images relatives à cet incident pour sauvegarder «l'ordre public».