Plusieurs dizaines de migrants séjournant dans un centre de rétention pour étrangers de Madrid ont déclenché mardi soir une mutinerie, en s'installant sur le toit de l'immeuble, a-t-on appris auprès d'une porte-parole de la mairie.

«Nous ne connaissons pas le nombre exact, 30 ou 40, ils sont montés sur le toit, et la police est sur place et tente une médiation», a déclaré cette porte-parole.

Selon les médias locaux la mutinerie dans le centre de rétention du quartier d'Aluche, dans le sud de la capitale espagnole, s'est déclenchée vers 22h00 locales.

Selon le quotidien El Pais, les étrangers avaient auparavant aveuglé des caméras de sécurité à l'intérieur de l'immeuble et cassé des meubles jusqu'à se frayer un chemin vers le toit.

«Il n'y a pas de blessés», a cependant assuré la porte-parole de la mairie dirigée par une plateforme citoyenne de gauche depuis 2015.

La maire de Madrid Manuela Carmena, une ancienne juge de gauche, a déclaré qu'elle était prête à tenter une médiation si la préfecture lui en faisait la demande.

«Je suis encore inquiète face aux événements au CIE (Centre de rétention), en contact avec la préfète Concha Dancausa», a dit la maire sur son compte Twitter. «Les droits de l'Homme sont la priorité».

Le responsable de la sécurité à la mairie, le conseiller municipal Javier Barbero, a lui dénoncé ces centres, «une institution en échec», en soulignant aussi que la priorité était la «santé et les droits de l'Homme des personnes», un tweet qu'il a conclu par «CiesNO», non aux CIE.

Certaines organisations des droits de l'Homme sont en campagne pour la fermeture des centres de rétention en Espagne, y dénonçant les mauvaises conditions de séjour des étrangers.

Dans la nuit de mardi à mercredi des militants s'étaient massés devant le centre, criant «liberté, liberté», alors qu'une quinzaine d'étrangers assis sur le toit de l'immeuble étaient visibles sous une fine pluie, a constaté une journaliste de l'AFP.

Quelque 6500 personnes sont passées en 2015 par les sept centres de rétention existant en Espagne, selon un rapport diffusé en septembre par le Service jésuite d'attention aux migrants (SJM).

Ces centres accueillent essentiellement des étrangers n'ayant pas de titre de séjour et faisant l'objet d'une procédure d'expulsion. Mais l'ONG y a aussi trouvé des malades, des victimes de traite d'êtres humains, des mineurs et des demandeurs d'asile.

Le 5 octobre, 67 migrants étaient parvenus à s'enfuir d'un centre où étaient retenus 127 étrangers sans titre de séjour, à Sangonera, près de Murcie.

Au cours de la révolte, des hommes avaient «agressé» cinq policiers qui venaient porter secours à un migrant faisant semblant d'être malade, selon la police, avant de s'armer d'extincteurs pour casser les portes du centre et s'enfuir.

Le Syndicat unifié de la police (SUP), l'un des plus importants d'Espagne, avait alors dénoncé les carences des centres de rétention et aussi le manque de personnel, évoquant d'autres incidents similaires.