Le président français François Hollande rend hommage samedi à Nice aux victimes de l'attentat qui, il y a trois mois, avait fait 86 morts et suscité une violente polémique sur la réponse du gouvernement à la menace djihadiste.

Le président socialiste, qui n'a pas encore fait savoir s'il briguerait un deuxième mandat au printemps 2017, arrive à Nice fragilisé par la parution d'un livre de confidences explosives qui a semé le doute jusque dans son propre camp.

Il souhaite échapper à ces polémiques et offrir aux victimes le moment de recueillement et d'unité nationale dont elles avaient été privées après le carnage, commis par un Tunisien au volant d'un camion le soir de la Fête nationale du 14 juillet et revendiqué par le groupe djihadiste État islamique.

Quatre jours après le drame, le premier ministre Manuel Valls avait été copieusement hué lors d'un rassemblement en mémoire des victimes à Nice, fief de l'opposition de droite.

La droite avait ensuite accusé le gouvernement socialiste de laxisme dans la lutte antiterroriste et l'extrême droite, très enracinée sur la Côte d'Azur, avait appelé à la démission du ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve.

Trois mois plus tard, alors que la campagne présidentielle bat son plein, les élus niçois se sont engagés à mettre la politique entre parenthèses pendant la cérémonie. Leur patron, le député Christian Estrosi, a promis une dignité absolue - «que ce soit pour les victimes, pour Nice ou pour la France».

Les polémiques de l'été avaient été perçues comme le signe de tensions croissantes dans la société française, déjà traumatisée par les attentats de janvier 2015 (17 morts) et novembre 2015 (130 morts) à Paris et sa banlieue.

L'attaque de Nice a aussi creusé le fossé avec une communauté musulmane forte de 3 à 4 millions de personnes dans le pays, la plus importante d'Europe. Les crispations se sont manifestées quand plusieurs mairies ont décidé d'interdire le port du burkini (contraction de burqa et bikini), avant que la justice ne leur donne tort.

15 blessés toujours hospitalisés

La cérémonie d'hommage aux victimes était initialement prévue vendredi, trois mois jour pour jour après la tuerie sur le front de mer de Nice, mais elle a été reportée de 24 heures en raison d'une météo exécrable dans le sud-est de la France.

Elle s'inspirera des hommages rendus aux militaires morts pour la France. Strictement fermée au public, elle sera retransmise en direct à la télévision.

Les noms des 86 victimes décédées, dont près d'un tiers de musulmans, seront lus et une rose blanche sera déposée pour chacune d'entre elles par des lycéens. Quinze enfants ou adolescents sont décédés le 14 juillet, et 98 ont été blessés.

Outre les Français, 19 nationalités ont été frappées. La Côte d'Azur reçoit 11 millions de touristes chaque année, la moitié de l'étranger. Pénalisés économiquement par l'attentat, les hôteliers et taxis de Nice ont offert la gratuité aux victimes venues pour l'hommage.

Quinze des quelque 400 blessés sont toujours hospitalisés en France et à l'étranger.

Le soir du 14 juillet, environ 30 000 personnes assistaient au traditionnel feu d'artifice sur la Promenade des Anglais quand Mohamed Lahouaiej Bouhlel, un Tunisien installé à Nice depuis plus de 10 ans, avait foncé sur la foule à bord d'un camion loué quelques jours plus tôt.

À ce stade, les enquêteurs n'ont pas établi de liens directs entre ce Tunisien, qui a été abattu par les forces de l'ordre, et l'EI qui a revendiqué l'attentat.