Julian Assange a perdu une nouvelle bataille judiciaire vendredi en Suède où le fondateur de WikiLeaks tente depuis 2010 de faire annuler un mandat d'arrêt européen qui l'a conduit à se réfugier à l'ambassade d'Équateur à Londres.

Pour la huitième fois en six ans, un tribunal suédois a débouté l'Australien de 45 ans et confirmé le mandat d'arrêt européen émis dans le cadre d'une enquête pour des faits présumés de viol remontant au 17 août 2010 à Stockholm.

Per Samuelson, l'un de ses avocats suédois, a immédiatement annoncé dans un courrier électronique à l'AFP qu'il formerait un recours devant la Cour suprême.

«Nous regrettons que les tribunaux suédois ne prennent pas en compte la recommandation du groupe de travail de l'ONU de remettre Assange en liberté», a-t-il dit.

Ses conseils font désormais valoir le rapport de ce groupe qui en février l'a estimé victime d'une «détention arbitraire».

Julian Assange, qui a échappé à une arrestation par la police britannique en 2012 en se réfugiant à l'ambassade équatorienne à Londres, réclame en vain la levée de ce mandat d'arrêt, craignant, s'il était exécuté, que la Suède ne l'extrade ensuite vers les États-Unis pour répondre de la divulgation par WikiLeaks de documents secrets.

Dans son jugement rendu public vendredi, la cour d'Appel de Stockholm reconnaît que la lenteur de la procédure «et la passivité passée des enquêteurs» suédois constituent «des arguments plaidant» pour une levée du mandat.

Les juges ajoutent néanmoins que «Julian Assange ne peut être considéré comme dans l'incapacité d'interrompre son séjour à l'ambassade d'Équateur», séjour qui à leurs yeux n'est pas assimilable à une «privation de liberté».

Surtout, «les faits dont il est soupçonné sont relativement graves et l'intérêt général est que l'enquête soit poursuivie», souligne la cour en confirmant le maintien du mandat d'arrêt eu égard au «risque» que M. Assange «se soustraie à des poursuites judiciaires ou à une condamnation».

Bête noire de l'Australien, la procureure suédoise Marianne Ny qui dirige l'enquête s'est félicitée du maintien du mandat d'arrêt. «Le risque de soustraction (de Julian Assange à la justice) reste élevé», a-t-elle affirmé dans un communiqué.

Santé mentale

WikiLeaks a opportunément rendu public jeudi des éléments du dossier médical de Julian Assange, indiquant que sa santé se dégradait alors qu'il a entamé en juin sa cinquième année de réclusion à l'ambassade d'Équateur, confiné dans une pièce austère de 18 m2.

«La santé mentale de M. Assange risque très probablement de se détériorer avec le temps s'il reste dans la situation actuelle», a prévenu l'organisation en faisant également état de problèmes aux dents et à l'épaule.

Craignant de voir la procédure s'enliser jusqu'à la prescription des faits qui interviendra en août 2020, les enquêteurs suédois ont fini par accepter l'an dernier le principe d'une audition de Julian Assange à Londres.

L'Équateur a posé des conditions: si une magistrate et une enquêtrice suédoises peuvent assister aux interrogatoires, c'est un magistrat équatorien qui les conduira. Cette audition a été fixée au 17 octobre à l'ambassade équatorienne à Londres, mais rien n'indique pour autant qu'il sera formellement interrogé ce jour-là.

Julian Assange récuse fermement les accusations dont il fait l'objet en Suède, dénonçant une manoeuvre politique.

Arrêté en décembre 2010 par la police britannique en vertu du mandat d'arrêt européen, il s'est réfugié en juin 2012 à l'ambassade d'Équateur à Londres après l'épuisement de ses recours judiciaires pour éviter l'extradition vers Stockholm.

L'ancien pirate informatique pourrait se voir reprocher par la justice américaine la publication par WikiLeaks, en 2010, de 500 000 documents classés secret défense sur l'Irak et l'Afghanistan et 250 000 communications diplomatiques.

Les États-Unis n'ont pour le moment pas déposé de demande d'extradition.

Loin de rendre les armes, Julian Assange a affirmé fin août que de nouveaux documents liés à la candidate démocrate à la Maison-Blanche, Hillary Clinton, seraient publiés avant le scrutin du 8 novembre, et pourraient avoir un effet «important» sur l'élection.