Trois adolescents soupçonnés de projeter des attentats ont été arrêtés en moins d'une semaine en France, trahis par leurs contacts avec le djihadiste Rachid Kassim, considéré comme l'un des propagandistes francophones les plus dangereux du groupe État islamique.

L'interpellation la plus récente a eu lieu mercredi au petit matin dans l'est de Paris, celle d'un lycéen né en septembre 2001, qui a été placé en garde à vue, a appris l'AFP de sources proches de l'enquête.

Selon ces sources, ce jeune « s'était proposé pour une action terroriste » et « était en lien via la messagerie cryptée Telegram avec le djihadiste de l'EI Rachid Kassim », un Français soupçonné de téléguider des attentats depuis la zone irako-syrienne.

L'application Telegram, avec ses forums de discussion accessibles uniquement sur invitation, est considérée aujourd'hui comme l'un des moyens de communication préférés des djihadistes.

Cette arrestation intervient moins d'une semaine après celle, intervenue le 8 septembre, mais révélée seulement ce mercredi, d'un jeune garçon de 15 ans à Rueil-Malmaison, une banlieue cossue à l'ouest de Paris.

Repéré sur les réseaux sociaux, soupçonné lui aussi de vouloir mener une attaque djihadiste en lien avec Rachid Kassim, l'adolescent a été inculpé et incarcéré samedi.

Il était déjà connu des services de renseignement français et de la justice. Inculpé dans un autre dossier de terrorisme, il était placé depuis juin sous contrôle judiciaire.

Un autre jeune de 15 ans vivant à Paris avait auparavant été inculpé et écroué lundi, soupçonné d'un projet d'attaque à l'arme blanche. Les enquêteurs pensent qu'il était lui aussi sous l'influence de Rachid Kassim.

Parti de chez lui depuis plusieurs années, cet homme de 29 ans envoie via Telegram des listes de cibles à frapper, mais aussi des scénarios d'attentats à mettre en oeuvre en France.

Les mineurs sont des proies faciles pour les djihadistes, selon des sources policières. Début septembre, 35 mineurs (23 garçons et 12 filles) étaient inculpés en France dans des enquêtes terroristes, selon le procureur de Paris François Molins.

« Menace maximale »

Le ministre français de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, a souligné mercredi le travail « extrêmement dense » des services de renseignement destiné « à identifier ceux qui sont susceptibles de passer à l'acte ».

« L'action des services de renseignement est plus intense qu'elle ne l'a jamais été pour des raisons qui tiennent au niveau de la menace et pour des raisons qui tiennent aux appels au meurtre lancés par un certain nombre d'acteurs en Syrie qui utilisent des moyens cryptés pour appeler des Français de plus en plus jeunes à passer à l'acte », a-t-il déclaré.

Selon les enquêteurs, Rachid Kassim aurait inspiré, de manière plus ou moins directe, l'assassinat en juin d'un couple de policiers en région parisienne, et celui du père Jacques Hamel, le prêtre égorgé dans une église normande fin juillet.

Pour ce dernier attentat, « c'est lui qui a mis en contact les deux tueurs et donné les consignes », affirment notamment des sources proches de l'enquête.

L'assassinat du père Hamel avait replongé la France dans l'horreur moins de deux semaines après l'attentat de Nice (86 morts) le 14 juillet. Au Vatican, le pape François a évoqué mercredi le « martyre » du prêtre en célébrant à l'aube une messe à sa mémoire.

Rachid Kassim, jeune homme de 29 ans originaire de Roanne, petite ville dans le centre de la France, est également soupçonné d'avoir piloté les projets d'attentats du commando de femmes radicalisées arrêtées la semaine dernière après la découverte d'une voiture chargée de bonbonnes de gaz près de Notre-Dame de Paris.

Les récentes arrestations interviennent alors que la menace terroriste reste « maximale » en France, touchée depuis 2015 par une série d'attentats qui ont fait 238 morts, selon le premier ministre français Manuel Valls.

Le chef du gouvernement a évalué dimanche à environ 15 000 le nombre de personnes radicalisées en France, un tiers de plus que les chiffres avancés auparavant.