La première ministre polonaise Beata Szydlo a demandé mardi au président du Conseil européen Donald Tusk de faire en sorte que le sommet informel de Bratislava donne «une première impulsion» pour une réforme de l'UE.

De son côté, M. Tusk qui effectue une tournée des capitales européennes à la veille de ce sommet prévu vendredi, a mis en garde le gouvernement de Varsovie contre ses propositions de modifier le traité européen, en lui recommandant la plus grande prudence.

«Il faut être prudent avec les révolutions. L'Europe, telle qu'elle est, a été très profitable pour la Pologne. (...) De tels changements risquent de ne pas aider la Pologne, mais plutôt lui nuire», a-t-il dit à la presse à l'issue de la rencontre.

Il a souligné aussi que Varsovie manque de préciser en quoi devraient consister exactement ces réformes, qui doivent faire l'objet d'une position commune du groupe de Visegrad (Hongrie, Pologne, République tchèque et Slovaquie) à Bratislava.

Lors d'un entretien de moins d'une heure, qui a commencé dans une atmosphère de fraîcheur marquée, d'après un journaliste de l'AFP ayant assisté à l'accueil de M. Tusk par Mme Szydlo, celle-ci a évoqué les attentes de la Pologne, qui vont bien au-delà de la consultation qu'envisage Bruxelles.

«Ce sommet doit être une première impulsion sur la voie des changements dans l'UE. L'UE doit changer, nous devons la réformer», a indiqué Mme Szydlo, citée par son porte-parole Rafal Bochenek.

«Les fonctionnaires européens ne doivent absolument pas bloquer ces réformes. La passivité, faute d'écouter attentivement la voix des sociétés des pays membres, a conduit notamment au Brexit», a ajouté le porte-parole.

Les réformes prônées par les quatre pays d'Europe de l'Est consistent notamment à renforcer le rôle des États et des parlements nationaux, au détriment des pouvoirs de la Commission européenne.

M. Tusk a déclaré que la «réflexion» sur l'évolution de l'UE devrait s'achever en mars au sommet de Rome à l'occasion du 60e anniversaire du traité européen signé dans la capitale italienne.

Il a répondu aux remarques récentes de Mme Szydlo, qui lui avait attribué l'intention de limiter le sommet de Bratislava à une «photo de famille», en mettant en garde les politiciens polonais contre «trop d'impétuosité». «Il y a en Europe des forces politiques qui voudraient une Europe plus petite, une Europe à deux vitesses», a-t-il averti.

À Bratislava, «il est important que la Pologne ne se joigne pas à ceux qui veulent secouer le bateau européen. Nous avons besoin d'une Europe stable, forte et aussi unie que possible», a encore dit le président du Conseil européen, qui devait quitter Varsovie pour aller rencontrer le premier ministre hongrois Viktor Orban à Budapest.