C'est l'incendie le plus meurtrier en France depuis 2005: treize personnes, pour la plupart âgées de 18 à 25 ans, sont mortes dans la nuit de vendredi à samedi dans l'incendie d'un bar à Rouen, où un groupe de jeunes fêtait un anniversaire.

Le drame, qui a également fait six blessés, dont une jeune femme grièvement brûlée, s'est produit dans le sous-sol du bar «Au Cuba libre», situé dans le centre de Rouen, selon le parquet.

Les victimes s'étaient rassemblées dans une salle au sous-sol du bar «Au Cuba Libre». L'incendie s'est déclenché vers minuit.

«J'étais au bar, au rez-de-chaussée, en train de prendre un verre. On a vu les flammes, c'était comme un lance-flammes, tout a été très vite», a témoigné Stéphanie, 36 ans.

Selon les premiers éléments de l'enquête, «quelqu'un est descendu avec un gâteau d'anniversaire avec des bougies, et a chuté dans l'escalier», a déclaré à l'AFP le vice-procureur Laurent Labadie.

«Il y a eu projection de bougies sur les murs et sur le plafond sur lequel il y avait un isolant phonique», a-t-il poursuivi. «Il y a eu une inflammation immédiate et la propagation de gaz», a-t-il ajouté.

L'enquête devra confirmer que les victimes ont été intoxiquées après l'embrasement d'une matière du plafond et se penchera notamment sur le respect des normes de sécurité et sur les issues de secours.

Une source policière a indiqué à l'AFP que la personne qui fêtait son anniversaire était une ancienne employée de la police.

«Elle fait partie des victimes», a indiqué cette source.

«Escalier étroit et raide»

Un expert en incendie a procédé à des constatations dans la journée, a souligné le vice-procureur. Il «dira si la pièce était réglementaire et va nous éclairer sur les conditions de propagation» des flammes et des fumées «telle qu'elle a empêché les gens de sortir» du sous-sol.

Interrogé sur l'aspect «souricière» du lieu, il a décrit une salle aménagée avec «un escalier étroit et assez raide».

Bars, salles de concert et établissements de nuit sont soumis à une réglementation rigoureuse en France, aussi bien pour les matériaux de construction que la configuration des lieux. Les dalles de polystyrène au plafond ont ainsi été bannies, mais ces consignes sont parfois contournées par certains propriétaires.

Selon la préfecture, les pompiers «sont arrivés rapidement». Dans la nuit, un passant, Amar Ould Said, 40 ans, a «vu les pompiers qui sortaient les corps toutes les deux minutes. De l'autre côté de l'avenue, ils avaient aménagé un espace pour les blessés», a-t-il relaté.

Devant le bar orange et rouge dont la vitrine a été soufflée dans l'incendie et le store brûlé, un périmètre de sécurité constitué de barrières métalliques a été dressé. Au fil de la journée, plusieurs anonymes y ont déposé des bouquets ou de simples roses.

Le président François Hollande a fait part de «sa solidarité et sa compassion à l'égard des familles» des victimes, tandis que le maire de Rouen a évoqué «une véritable tragédie».

L'agglomération de Rouen a été touchée il y a moins de deux semaines par un autre drame, l'assassinat en pleine messe d'un prêtre de la commune de Saint-Etienne-du-Rouvray, par deux jeunes jihadistes. Ses obsèques ont été célébrées mardi à la cathédrale de Rouen.

Il n'y avait pas eu d'incendie aussi meurtrier en France depuis celui qui a fait 18 morts, le 4 septembre 2005, dans un immeuble de l'Haÿ-les-Roses, en région parisienne.

Cette année-là, en France, plusieurs incendies avaient ravagé des immeubles et des hôtels vétustes. Le plus grave d'entre eux, celui de l'hôtel d'hébergement d'urgence Paris-Opéra, avait provoqué la mort de 24 personnes, dont 11 enfants.