La première ministre britannique Theresa May a tenté lundi de rassurer les Nord-Irlandais, en écartant à Belfast l'idée d'un retour des «frontières du passé» et des contrôles douaniers avec l'Irlande voisine suite au vote du 23 juin en faveur d'une sortie de l'UE.

«Personne ne veut revenir aux frontières du passé», a-t-elle déclaré lors d'une conférence de presse, promettant de trouver une «solution pratique» pour les deux parties de l'île.

«L'Irlande du Nord aura bien sûr une frontière avec l'Irlande, qui va rester membre de l'Union européenne. Mais nous avons eu une Zone commune de voyage entre le Royaume-Uni et la République d'Irlande de nombreuses années avant que les deux pays ne soient membres de l'UE», a-t-elle aussitôt souligné.

Après l'Écosse et le Pays de Galles, la dirigeante conservatrice a parachevé son tour des nations constitutives du Royaume-Uni, moins de deux semaines après avoir été investie à la tête de l'exécutif britannique en promettant de protéger «l'union» du royaume.

À Belfast, elle a rencontré la première ministre nord-irlandaise Arlene Foster, qu'elle entend associer à la préparation du Brexit.

«J'ai clairement indiqué que nous ferons de la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne un succès. Cela signifie que cela doit marcher aussi pour l'Irlande du Nord, y compris quant à sa relation à la frontière avec la république (d'Irlande)», membre de l'UE, avait déclaré Theresa May plus tôt dans un communiqué.

Depuis 1922, les habitants d'Irlande et du Royaume-Uni jouissent de la liberté de circulation entre les deux entités dans le cadre de la Zone commune de voyage qui prévoit des contrôles minimaux aux frontières. Mais nombre de Nord-Irlandais craignent qu'une sortie de l'UE ne se traduise par un retour des contrôles douaniers avec l'Irlande, qui pourrait pénaliser les échanges commerciaux entre les deux parties de l'île.

La rupture avec l'Union européenne inquiète également les nationalistes nord-irlandais qui considèrent Bruxelles comme un contrepoids au gouvernement de Londres.

Pendant la campagne référendaire, des militants pro-UE avaient prévenu qu'une sortie de l'UE pourrait provoquer un accès d'instabilité dans cette région où des groupes républicains dissidents sont toujours suspectés d'agir, près de 20 ans après l'«Accord du Vendredi saint».

Cet accord avait été conclu en 1998 pour mettre fin aux «Troubles», terme employé pour qualifier le conflit entre partisans de l'union avec le Royaume-Uni et nationalistes aspirant à l'union avec l'Irlande, qui a fait 3.500 morts entre 1969 et 1998.

«La paix et la stabilité en Irlande du Nord seront toujours l'une des priorités de mon gouvernement», assure Theresa May dans le communiqué.

L'Irlande du Nord, comme l'Écosse et Londres, s'est prononcée majoritairement contre le Brexit lors du référendum.