Le nombre de victimes tuées lors d'attaques extrémistes a bondi en Europe en 2015 comparativement à l'année précédente, a révélé mercredi l'agence policière européenne Europol, qui prévient également que le groupe armé État islamique pourrait «mettre plus d'emphase sur ses activités à l'étranger» au moment où il est pilonné par l'alliance militaire occidentale en Syrie et en Irak.

Le rapport dévoilé par Europol brosse un portrait inquiétant d'une Union européenne assaillie de toutes parts par des menaces islamistes extrémistes qui ne disparaîtront pas de sitôt. Il prévient que les demandeurs d'asile syriens pourraient être ciblés et rapidement radicalisés par les agents du groupe djihadiste, pendant qu'une nouvelle génération de combattants voit le jour sur ses territoires en Irak et en Syrie.

Le rapport ajoute que le groupe armé État islamique semble favoriser des attaques contre des cibles vulnérables puisque cela «sème davantage la peur parmi le public». Cette menace a été illustrée de manière horrible la semaine dernière, quand un homme au volant d'un camion a tué 84 personnes à Nice, en France.

Europol a publié un communiqué distinct portant sur les attaques perpétrées à Nice, en Allemagne et aux États-Unis, en déclarant qu'elles «mettent en lumière la difficulté opérationnelle rencontrée lorsque vient le temps de détecter et de faire avorter les attaques de loups solitaires».

Le rapport d'Europol est rendu public au moment où des représentants de la coalition internationale contre le groupe armé État islamique se rencontrent à Washington pour discuter de leur campagne.

Compilant les données fournies par les membres de l'Union européenne, Europol révèle que 151 personnes ont été tuées en 2015 - comparativement à seulement quatre l'année précédente - et plus de 360 blessées lors d'attaques terroristes à travers le bloc. Tous les décès, sauf un, sont le résultat d'attaques djihadistes.

Six États membres ont fait l'objet de 211 attaques qui ont échoué, qui ont été éventées ou qui ont réussi de la part de groupes djihadistes ou d'autres extrémistes. Les forces de l'ordre ont arrêté 1077 personnes pour des crimes terroristes.

Le rapport s'intéresse également à d'autres groupes extrémistes actifs en Europe, notamment les groupes séparatistes en Espagne et en Irlande du Nord, et aux organisations d'extrême-droite. Il met en garde contre une nouvelle vague potentielle de fanatiques formée des «enfants des combattants terroristes étrangers qui vivent avec leurs parents dans les territoires contrôlés par le groupe armé État islamique».

«Le groupe armé État islamique a fréquemment démontré qu'il forme ces mineurs pour devenir la prochaine génération de combattants terroristes étrangers, ce qui pourrait représenter une menace future à la sécurité», prévient le rapport.

Si Europol admet ne disposer d'aucune preuve démontrant que des terroristes ont systématiquement infiltré la marée humaine de réfugiés qui déferle sur l'Europe, elle dit qu'il y a un «danger réel et imminent» que des réfugiés sunnites «deviennent vulnérables à la radicalisation une fois en Europe et (...) qu'ils soient spécifiquement ciblés par des recruteurs islamistes extrémistes».

L'agence policière européenne indique enfin que les extrémistes utilisent de mieux en mieux internet et les médias sociaux pour diffuser leur propagande, récolter des fonds et potentiellement lancer des attaques virtuelles.