David Cameron a présidé mardi son 250e et dernier conseil des ministres, avant de céder mercredi la place à la tête du gouvernement britannique à la ministre de l'Intérieur Theresa May, qui va s'atteler à mettre en oeuvre le Brexit.

M. Cameron présentera sa démission mercredi à la reine Elizabeth II après sa dernière prestation au Parlement pour les traditionnelles questions hebdomadaires au premier ministre en fin de matinée.

La nouvelle première ministre prendra ainsi ses fonctions moins de trois semaines après le vote des Britanniques, le 23 juin, pour sortir de l'Union européenne, qui a poussé M. Cameron, partisan du maintien dans l'UE, à démissionner.

Mme May deviendra la deuxième femme à prendre les rênes du gouvernement britannique après Margaret Thatcher (1979-1990).

«Theresa May et (le ministre des Finances) George Osborne ont rendu un vibrant hommage au Premier ministre», a déclaré le ministre de la Santé Jeremy Hunt à la presse en quittant le 10 Downing Street à l'issue du conseil des ministres.

David Cameron s'est dit lundi «ravi» de laisser les clés à Mme May, 59 ans, qualifiant sa remplaçante de «solide et compétente». Il lui confiera aussi la garde de Larry, neuf ans, le paresseux chat gris et blanc de Downing Street, a précisé un porte-parole du gouvernement.

Cette nomination a été précipitée par la décision surprise lundi de la secrétaire d'État Andrea Leadsom, favorable au Brexit, de jeter l'éponge, quatre jours seulement après avoir été désignée finaliste pour la succession de M. Cameron.

Mme May, qui s'était rangée dans le camp du maintien dans l'Union européenne pendant la campagne référendaire, a affirmé lundi sa volonté de «négocier le meilleur accord» de sortie de l'UE et de faire jouer «un nouveau rôle dans le monde» à son pays.

«Brexit signifie Brexit et nous en ferons un succès», a-t-elle aussi déclaré, pour éteindre les espoirs de ceux qui le verraient bien ne jamais se matérialiser.

Elle avait auparavant prévenu qu'elle ne comptait pas activer l'article 50 du Traité de Lisbonne -qui déclenchera le processus de sortie de l'UE- avant la fin de l'année.

La chancelière allemande Angela Merkel a de son côté demandé au Royaume-Uni de «rapidement» clarifier ses intentions, et le commissaire aux Affaires européennes Pierre Moscovici a appelé mardi Theresa May à hâter les discussions sur le Brexit.»

«Plus tôt commenceront les négociations mieux ce sera pour tout le monde», a déclaré pour sa part le chef de la diplomatie française, Jean-Marc Ayrault.

Corbyn remporte une manche contre les frondeurs

Initialement, Theresa May et Andrea Leadsom auraient dû être départagées cet été par un vote des 150 000 adhérents du parti conservateur.

Mardi, le quotidien de gauche Daily Mirror a dénoncé un «couronnement» et appelé à de nouvelles élections législatives, à l'instar des partis travailliste, libéral-démocrate et écologiste.

«Il est inacceptable que Theresa May entre à Downing Street demain après avoir été couronnée par un petit cercle de 199 députés conservateurs, soit 0,0004% de l'électorat», s'insurge le tabloïd.

Mais la semaine dernière, Mme May avait exclu de convoquer des élections anticipées, avant la prochaine échéance de 2020.

Du côté de l'opposition, en pleine crise depuis le référendum, le chef des travaillistes Jeremy Corbyn a remporté mardi soir une victoire cruciale contre ses opposants après la décision du comité exécutif du parti de l'autoriser à se présenter automatiquement lors de nouvelles élections pour la direction du Labour.

Concrètement, cette décision signifie qu'il n'aura pas besoin de recueillir le soutien de 20% des députés travaillistes de Westminster et du Parlement européen pour concourir, ce qui aurait pu s'avérer particulièrement compliqué, le leader travailliste faisant l'objet d'une fronde d'une majorité de ses propres parlementaires.

Jeremy Corbyn, tout sourire après cette annonce, s'est «réjoui» de la décision du comité et a promis de mener campagne sur «tous les sujets qui comptent».

Triomphalement élu en septembre par les militants, M. Corbyn n'a jamais réussi à s'imposer auprès de la majorité des cadres du parti, qui le jugent trop à gauche et incapable de remporter des législatives.

Les critiques ont redoublé depuis le vote pour le Brexit du 23 juin, avec une motion de défiance de 172 députés travaillistes et la démission des deux tiers de son cabinet fantôme.

Lundi, la députée Angela Eagle a officiellement annoncé qu'elle allait se présenter contre Jeremy Corbyn pour lui succéder.

AP

Jeremy Corbyn