De la longue conférence de presse (deux heures et demie) de Tony Blair mercredi pour s'expliquer sur les accusations portées contre lui par un rapport sur la guerre en Irak, les éditorialistes retiennent jeudi l'image d'un homme «arrogant», s'accrochant à «l'illusion» qu'il a eu raison.

Certes l'ancien Premier ministre travailliste s'est excusé, l'air très ému et la voix presque brisée, des conséquences du conflit.

«Mais pour sa santé mentale, il se dit encore que le monde est "meilleur et plus sûr" parce qu'il a rejoint l'offensive de George Bush contre l'Irak. C'est une illusion monumentale», écrit le quotidien Sun.

«Blair admet que les plans pour l'après-guerre étaient calamiteux. C'est sa seule concession. Il ne voit pas de raison de s'excuser pour sa décision d'aller en guerre et a insisté sur le fait qu'il referait la même chose», poursuit le journal.

«Il croit encore qu'il n'avait pas le choix. Mais tu aurais pu dire non, Tony», lui assène-t-il.

Pour le Guardian, «cela peut sembler petit de douter de la sincérité de quelqu'un à un tel moment».

«Mais je l'ai déjà vu éploré par le passé, et comme des millions d'autres électeurs, je ne lui fais plus confiance», écrit Anne Perkins, qui estime que Tony Blair a montré «une arrogance intacte» dans son exercice d'autojustification.

Michael Deacon, dans le Telegraph, souligne également qu'il a refusé de s'excuser pour l'invasion de l'Irak, malgré toutes ses démonstrations de peine. Avant de s'interroger sur sa performance: «Que croire? Était-ce le plaidoyer honnête d'un homme brisé? Ou une performance, une imitation irréprochablement exécutée? »

John Crace, dans le Guardian, estime, lui, qu'il a surtout semblé s'apitoyer sur son propre sort.

«Moi, moi, moi. La guerre, ce ne sont pas les 179 soldats britanniques et les centaines de milliers d'Irakiens qui sont morts. C'était lui, tout du long. Est-ce que les gens ont compris la difficulté de prendre la décision qu'il a prise? Et ne comprennent-ils toujours pas que cette décision était totalement justifiée et que Dieu lui a personnellement dit que d'innombrables vies ont été sauvées en allant à la guerre? »

«Ses yeux brûlaient de la conviction du martyr. Il n'a pas été le méchant garçon, mais le messie. Continuant de mener une guerre qu'il a depuis longtemps perdue», ajoute l'éditorialiste.

Trevor Kavanagh, dans le Sun, souligne que «Blair a toujours été obsédé» par la marque qu'il laisserait dans l'histoire.

«Il a pu espérer ressembler aux héros de guerre américains avec tous les bénéfices juteux qui y sont associés. Mais au lieu de ça, on se souviendra de lui pour avoir infligé une tempête terroriste à un monde fragile et instable».