À deux jours du référendum sur le maintien du Royaume-Uni dans l'Union européenne, David Cameron a adressé mardi une supplique aux Britanniques, les conjurant de penser à leurs enfants avant de choisir entre les deux camps qui restent au coude à coude.

« Pour vous, votre famille et l'avenir de notre pays, votez pour rester » dans l'UE, a déclaré avec solennité le premier ministre conservateur devant ses bureaux du 10, Downing Street, à Londres.

« Pensez aux rêves et aux espoirs de vos enfants et de vos petits-enfants », a ajouté M. Cameron, soulignant qu'une sortie de l'UE ferait courir « un risque immense » à l'économie britannique et serait « irréversible ».

« Nous quitterons l'UE pour de bon et la prochaine génération devra vivre avec les conséquences » de cela, a-t-il insisté.

Plus tôt dans la matinée, c'est l'ancienne vedette du football britannique David Beckham qui avait appelé à rester dans l'Union européenne et à penser aux générations futures avant ce vote déterminant pour l'avenir du Royaume-Uni, mais aussi de l'Europe.

« Pour nos enfants et leurs enfants, nous devrions faire face aux problèmes du monde ensemble et pas seuls », a-t-il dit dans un communiqué.

Le milliardaire américain George Soros a mis en garde contre un « vendredi noir » sur les marchés financiers en cas de sortie de l'UE de la cinquième économie mondiale, un scénario qui soulève aussi des craintes de contagion.

George Soros pronostique une chute d'au moins 15 % de la valeur de la livre. « Ironiquement, la livre sterling vaudrait alors à peu près un euro », a-t-il relevé dans le quotidien The Guardian.

Le « Grand débat »

La présidente de la banque centrale américaine (Fed) Janet Yellen a également prévenu qu'un Brexit pourrait avoir « des répercussions économiques importantes ».

Face aux signaux d'alerte émis de toutes parts, la Banque centrale européenne (BCE) s'est dite « prête » à faire face à « tous les imprévus » qui découleront du référendum.

« Nous avons fait maintenant toute la préparation nécessaire », a assuré mardi son président, Mario Draghi, à Bruxelles.

Tandis que les preneurs de paris penchent sans ambiguïté pour une victoire du « In », la moyenne des six derniers sondages effectuée par le site WhatUKThinks donnait mardi après-midi une légère avance au maintien dans l'UE, soit 51 %, un point de mieux que la moyenne précédente.

Chaque camp va s'efforcer de convaincre les quelque 10 % d'indécis au cours d'un débat mardi soir, dans une salle près du stade de Wembley, organisé par la BBC. C'est devant 6000 personnes que s'affronteront le chef de file des partisans du Brexit Boris Johnson, ex-maire conservateur de Londres, et son successeur récemment élu, le travailliste Sadiq Khan.

Dès la mi-journée, une file d'attente s'est formée pour assister à cet évènement intitulé « Le grand débat » pendant lequel le public sera divisé en deux camps.

Mardi également, Nigel Farage, le chef du parti europhobe UKIP, a présenté une nouvelle affiche, dénonçant des écoles surpeuplées en raison de l'afflux de migrants, à l'occasion d'une visite dans le sud-est de l'Angleterre.

« Boîte de Pandore »

La semaine dernière, il avait fait scandale en présentant une affiche sur laquelle on pouvait voir une colonne de réfugiés avec la mention « Point de rupture ».

Ignorant les critiques, M. Farage a accusé le camp du maintien d'instrumentaliser le meurtre de la députée pro-UE Jo Cox, tuée jeudi dans le nord de l'Angleterre et à qui l'Assemblée nationale, puis le Sénat, en France, ont rendu hommage mardi.

Des appels à refuser un Brexit ont également été lancés de l'étranger.

Le président français François Hollande a souhaité que la réponse des électeurs britanniques soit « la plus confiante dans l'avenir de l'Europe ». « Le Royaume-Uni est en Europe, le Royaume-Uni fait partie de l'Europe, le Royaume-Uni porte les valeurs de l'Europe », a-t-il insisté.

Une trentaine de grandes entreprises françaises parmi lesquelles Air France-KLM, Bouygues et Michelin ont diffusé dans la presse britannique une déclaration d'amour à l'intention du Royaume-Uni pour qu'il « reste » dans l'UE.

Le ministre espagnol de l'Économie Luis de Guindos a quant à lui estimé que l'organisation du référendum avait ouvert une « boîte de Pandore ». « Je suis convaincu que le Brexit ne va pas l'emporter », mais, « de grâce, ne nous mettons pas dans cette situation une nouvelle fois », a-t-il ajouté.