Le débat télévisé entre candidats à la présidence du gouvernement en Espagne s'est centré, lundi soir, sur la politique économique contestée du conservateur sortant Mariano Rajoy et les contre-propositions du Parti anti-austérité Podemos.

Les candidats du Parti socialiste, Pedro Sanchez, de la coalition de gauche radicale, Pablo Iglesias, et du centre droit, Albert Rivera, ont trouvé un terrain d'entente sur un point: demander le départ de M. Rajoy.

Tour à tour, ils lui ont reproché la multiplication des scandales de corruption depuis son arrivée au pouvoir en 2011, et sa politique économique, en faisant valoir qu'elle avait aggravé les inégalités.

«La situation n'est pas bonne, elle n'est pas bonne mais elle s'est améliorée et ils ne veulent pas le reconnaître. Ils disent tous qu'ils vont arranger les choses comme par magie, mais c'est aussi ce que disait Tsipras en Grèce», a répliqué M. Rajoy, à moins de deux semaines des législatives du 26 juin.

M. Rajoy, 61 ans, a insisté sur la croissance retrouvée (3,2% en 2015) et la baisse du chômage à 20,1%, encore le deuxième taux le plus élevé de l'Union européenne derrière celui de la Grèce.

«Il y a 10 millions d'Espagnols en situation de risque de pauvreté (...) Les chiffres, il faut les donner avec les citoyens dedans», a répliqué Pablo Iglesias, 37 ans, seul candidat en bras de chemise, au nom de la toute nouvelle coalition Unidos Podemos, formée par son parti Podemos et de la formation écolo-communiste Izquierda Unida.

Pedro Sanchez, 44 ans, a assuré que M. Rajoy avait toujours gouverné «contre les plus faibles».

Les législatives du 20 décembre, remportées par la droite avec 28,72%, avaient mis fin à près de 40 ans de bipartisme. Mais anciens et nouveaux partis avaient été incapables de s'entendre pour former un gouvernement de coalition, d'où la nécessité d'un nouveau scrutin.

Les sondages accordent la première place à la droite (28,9 à 29,2%) et la deuxième à Unidos Podemos et à ses alliés régionaux (25,4% à 25,6%).

Pour la première fois, le Parti socialiste serait relégué à la troisième place (20,8% à 21,2%), devant Ciudadanos (14,8 à 15,9%).

La gauche est apparue divisée, M. Sanchez reprochant à M. Iglesias de ne pas l'avoir soutenu quand il voulait former un gouvernement avec les centristes de Ciudadanos. «Je ne suis pas l'adversaire, Pedro», lui a plusieurs fois répondu Pablo Iglesias en soulignant qu'ils ne pourraient gouverner qu'ensemble.