À trois jours de l'Euro-2016 de football (soccer), sous tension face au risque d'attentats, la crise sociale perdure en France, avec cependant la possibilité d'une fin prochaine de la grève des chemins de fer.

« Durant l'Euro-2016, les stades, les zones partisanes, les lieux où sont retransmis les matchs et les transports publics représenteront de potentielles cibles pour des attaques terroristes », a écrit mardi sur son site le ministère britannique des Affaires étrangères.

Il appelle les ressortissants britanniques se rendant en France à « être vigilants », sans préciser s'il possède des informations précises sur des projets d'attentat.

« Il ne s'agit pas d'une réponse à une menace spécifique ou à une nouvelle menace ou à l'arrestation d'hier », a indiqué un porte-parole du Foreign Office, en référence à l'annonce hier de l'arrestation le 21 mai en Ukraine d'un ressortissant français qui préparait 15 attentats en France avant et pendant l'Euro-2016, selon les services secrets ukrainiens.

« Il existe une forte menace terroriste. Du fait des menaces que font actuellement peser des groupes terroristes islamistes sur la France, et de la récente intervention de l'armée française contre DAECH (acronyme en arabe du groupe État islamique, NDLR),  le gouvernement français, qui a renforcé les mesures de sécurité, a prévenu les visiteurs d'être particulièrement vigilants », explique le Foreign Office sur son site.

Le porte-parole a précisé que des policiers supplémentaires seraient déployés dans les trains reliant l'Angleterre à la France et aux frontières britanniques pendant l'Euro-2016.

Après un avertissement similaire des États-Unis, cette nouvelle mise en garde illustre un climat anxiogène qui plane au-dessus de la compétition qui s'ouvre vendredi.

L'Euro représente une « cible potentielle » pour des attentats « terroristes », peut-on lire dans une note du département d'État sur les risques de voyager en Europe, émise mardi dernier.

« Les stades de l'Euro, les zones pour les partisans et tous les lieux qui diffuseront le tournoi en France et à travers l'Europe représentent des cibles potentielles pour des terroristes », avait mis en garde le ministère américain des Affaires étrangères.

Le président français François Hollande a lui-même prévenu dimanche que la menace contre la sécurité de l'Euro-2016 « existe » et « vaut pour un temps qui sera long », assurant que le gouvernement avait « mobilisé les forces pour que la sécurité soit garantie et que ce bel événement ait lieu ».

Selon les organisateurs, 1,5 million de billets (sur 2,5) ont été achetés par des étrangers. Les autorités françaises attendent plus de 8 millions de spectateurs, dont 2 millions d'étrangers.

Grèves et frondes sociales

Le climat social en France continue d'être grevé par des revendications sectorielles, accompagnées de grèves ou d'opérations coup de poing, et d'une fronde qui dure depuis plus de trois mois contre un projet de réforme du Code du travail qui doit faire l'objet d'une manifestation nationale le 14 juin.

« Il y a un moment où il faut savoir arrêter une grève », a lancé mardi le président François Hollande aux cheminots, reprenant, tronquée, une formule célèbre en France, utilisée en 1936 par Maurice Thorez, ancien dirigeant emblématique du Parti communiste.

« Quand on a obtenu satisfaction », a rétorqué le syndicat contestataire CGT (Confédération générale du travail), citant la fin de la phrase de Maurice Thorez et en fustigeant le « refus du dialogue » de l'exécutif.

Entré dans son septième jour, le conflit a été engagé de façon illimitée sur des revendications catégorielles liées à l'organisation du temps de travail.

Il continue, malgré un faible taux de grévistes, de perturber significativement le trafic ferroviaire intérieur. Sa poursuite durant l'Euro compliquerait les déplacements dans le pays des amateurs attendus.

Après des négociations à l'arraché, un projet d'accord trouvé mardi à l'aube attend désormais une signature des syndicats.

Un arrêt de la grève des cheminots ne mettrait toutefois pas terme aux conflits sociaux en série dans le pays.

Hantise d'attentats

Dans le secteur des transports, des négociations se poursuivent chez Air France pour tenter d'éviter une grève de trois jours des pilotes sur des revendications salariales à partir de samedi, lendemain du coup d'envoi de l'Euro.

Des mouvements contre la réforme du droit du travail perdurent aussi dans les secteurs du pétrole, avec plusieurs raffineries à l'arrêt, dans les ports et docks, le ramassage des déchets ou l'énergie, dont les salariés sont appelés à une nouvelle journée de grève jeudi.

S'il a lâché du lest face à certaines revendications catégorielles, l'exécutif défend mordicus sa « loi travail ». Face à cette détermination les syndicats adversaires du texte réclament toujours son « retrait », mais la question semble poindre d'une sortie « honorable » du mouvement.

Malgré l'impopularité record du gouvernement, une majorité de Français (54 %) désapprouvent désormais les grèves et manifestations, selon un sondage publié dimanche.

La pression pour lever le pied sur le front social est d'autant plus forte sur tous les acteurs que la France aborde l'Euro-2016 dans la hantise d'attentats, huit mois après les attaques djihadistes du 13 novembre à Paris (130 morts).

L'annonce lundi de l'arrestation en Ukraine de Grégoire Moutaux, un Français de 25 ans, a ravivé les inquiétudes sur sa sécurité.

Interpellé le 21 mai à la frontière polonaise en possession d'un arsenal de guerre, il prévoyait de s'en prendre notamment à une mosquée, une synagogue et des centres des impôts en France pendant la compétition, d'après les services secrets ukrainiens (SUB).

Une enquête a été ouverte dans l'Hexagone, mais les magistrats antiterroristes n'ont pas été saisis à ce stade.

L'état d'urgence en vigueur depuis novembre a été prolongé jusqu'à fin juillet et, à l'approche de l'Euro, la France a déployé « tous les moyens » pour écarter le risque d'attentats, selon le président Hollande.

Environ 90 000 policiers, gendarmes et agents de sécurité privés seront mobilisés pour sécuriser les stades et les zones partisanes des dix villes hôtes, qui doivent accueillir sept millions d'amateurs de foot.