Les inondations menacent désormais la Normandie, en partie placée en vigilance rouge samedi soir, tandis qu'à Paris la Seine a entamé sa décrue, descendant sous les six mètres après des intempéries qui ont fait quatre morts en France.

Vigicrues a placé en vigilance rouge toute la partie de la Seine s'étendant de Poses (Eure), à une trentaine de km au sud de Rouen, jusqu'à l'estuaire.

Placé en vigilance rouge «à titre de précaution» et sur l'insistance de la ministre de l'Environnement Ségolène Royal, ce secteur sera touché dans la nuit par la «concomitance de débits très importants» du fleuve et de forts coefficients de marée.

«Je pense qu'on est dans une situation de vigilance rouge, surtout que c'est un mécanisme qui arrive de nuit. Il ne faut absolument pas que les gens soient piégés et soient surpris», a justifié la ministre lors d'un point de presse.

Les débordements les plus importants sont attendus en amont de Rouen, plus particulièrement dans le secteur d'Elbeuf. La circulation y est déjà interdite sur certains axes de bord de Seine, à Freneuse et à Tourville-la-Rivière. Dans cette commune, un hameau est particulièrement sous surveillance, car il pourrait être menacé par les débordements, selon la préfecture de Seine-Maritime.

D'autres débordements pourraient se produire à Rouen même et dans le secteur de La Bouille, juste en aval de la capitale normande, où la Seine frôlait samedi soir les quais bas, charriant des branches d'arbres, mais ne débordait pas.

Dans l'Eure, «il y a quelques parkings inondés ainsi que des terrains de sport et des chemins de halage, mais aucune évacuation d'habitants n'a eu lieu», a indiqué la préfecture.

«Nous n'avons procédé à aucune intervention», a indiqué de son côté le Service départemental d'incendie et de secours (SDIS)  de la Seine-Maritime.

Quatre morts, 24 blessés

A Paris, le pire semble passé, alors que la montée continue des eaux brunâtres jusqu'à 6,10 m avait suscité l'inquiétude. Et attisé la curiosité des badauds, nombreux à se presser pour observer le fleuve.

Depuis son pic, la Seine est redescendue à 5,99 m vers 17 h. Il s'agit de la plus forte crue depuis 1982 (6,18 m cette année-là), très loin cependant de la fameuse crue de 1910 (8,62 m).

Depuis le début des intempéries le week-end dernier, quatre décès et 24 blessés sont à déplorer, a indiqué le premier ministre Manuel Valls. L'origine de la mort d'une des quatre victimes déjà recensées, une octogénaire, reste toutefois incertaine.

François Hollande a qualifié la crue de «vraie catastrophe», lors d'un déplacement dans la ville inondée de Romorantin (Loir-et-Cher). Dès mercredi, a rappelé le chef de l'État, l'état de catastrophe naturelle sera reconnu lors du Conseil des ministres.

Outre l'Eure et la Seine-Maritime en vigilance rouge, 15 départements sont en vigilance orange aux inondations, en Ile-de-France, en Lorraine et dans la région Centre. La vigilance aux orages a été levée dans cinq départements de l'Est et dans le Var.

Transports perturbés

Du côté des transports franciliens, les perturbations demeurent d'actualité.

La RATP, qui avait déclenché vendredi son plan de prévention, garde fermées à titre préventif deux stations de métro et une gare RER proches du fleuve.

Pour la SNCF, qui a trois de ses lignes partiellement coupées en Ile-de-France, le retour à «un trafic normal n'est pas attendu avant la deuxième partie de la semaine prochaine», selon son président Guillaume Pepy.

En déplacement dans un quartier inondé de Crosne (Essonne), Manuel Valls, en bottes en caoutchouc, a d'ailleurs appelé à l'arrêt «le plus vite possible» du mouvement de grève à la SNCF, pour lui «totalement incompréhensible» dans le contexte des intempéries.

Au total, dans les régions concernées, «il y a eu 20 000 évacuations», selon Manuel Valls.

Sur l'autoroute A10, l'évacuation des 200 voitures et 100 poids lourds bloqués pourrait démarrer au plus tôt dimanche, a estimé le concessionnaire Cofiroute (Vinci).