Jean-Louis Cayrou, un jardinier français de 54 ans, a été condamné lundi à 30 ans de détention pour le meurtre de son ex-maîtresse britannique Patricia Wilson, disparue en 2012 en Aveyron, dans le sud de la France.

Cette peine, conforme au réquisitoire du ministère public, a été assortie par la cour d'assises de l'Aveyron d'une période de 20 ans de sûreté.

Jean-Louis Cayrou a réagi calmement à l'énoncé du verdict, intervenu après quatre heures et demie de délibérations. Ses proches, eux, ont réagi avec beaucoup d'émotion.

Son avocat, Me Jacques Lévy, a annoncé qu'il allait faire appel de cette condamnation.

Patricia Wilson, 58 ans, a été vue pour la dernière fois le 17 août 2012 à son domicile près de Vabre-Tizac, dans le département de l'Aveyron, au retour d'un voyage en Angleterre. Sur les lieux ont été découverts ses vêtements et d'abondantes traces de sang. La quinquagénaire n'a jamais été retrouvée.

Depuis le début de l'enquête et durant les six jours du procès, M. Cayrou, 54 ans, qui a été le jardinier et l'amant de Mme Wilson, n'a cessé de se déclarer innocent, reconnaissant qu'il s'était bien rendu chez la disparue ce soir-là mais affirmant avoir trouvé les lieux en l'état.

Trouvé samedi dans sa cellule avec des traces de mutilation légères qu'il s'était infligées, il a été jugé «apte à comparaître» lundi matin par la cour.

«Mourir ou vivre, qu'importe, j'ai tout perdu», a-t-il déclaré avant la levée des débats. «Je suis innocent, Patricia, je l'aimais», a-t-il répété.

Brossant le portrait d'un homme «jaloux» et «diabolique», l'avocate générale Manon Brignol a au contraire estimé durant son réquisitoire que M. Cayrou n'avait pas supporté la rupture décidée par Patricia Wilson peu de temps avant sa disparition.

«Nous n'avons pas besoin de ses aveux», a-t-elle lancé. «Tout est parfaitement limpide, à part, c'est vrai, une chose sur laquelle vous avez réussi, c'est de cacher le corps de Patricia Wilson».

«Oui, Jean-Louis Cayrou est l'assassin de Patricia Wilson», a-t-elle affirmé, évoquant des traces de sang de la victime dans la voiture de l'accusé, des relevés téléphoniques montrant des appels répétés peu de temps avant la disparition, les témoignages de proches de la disparue et les «incohérences, mensonges et versions évolutives» de l'accusé.

«C'est une avalanche de preuves qu'il y a contre vous», avait déclaré plus tôt l'avocate des parties civiles, Me Maryse Péchevis.

L'avocat de la défense, Me Lévy, a contesté la fiabilité des preuves avancées et a critiqué une instruction menée selon lui dans des «conditions scandaleuses». «Jamais je n'ai vu un dossier traité avec une telle partialité depuis le début», s'est-il indigné.

M. Cayrou «a un défaut: il n'est pas courageux, il n'a pas fait face, et toute l'affaire part de là», a déclaré l'avocat, affirmant que la nationalité de Patricia Wilson imposait de trouver un «coupable» pour la justice française.

Le verdict «est à l'image de ce procès et de l'instruction», a estimé Me Lévy à l'issue du procès. «J'espère que la cour d'appel désignée pourra permettre (à l'accusé) de se défendre pour approcher la vérité de ce dossier», a-t-il dit.