Un enseignant juif qui était accusé d'avoir inventé une agression antisémite quelques jours après les attentats de Paris, suscitant alors un vif émoi, a été condamné jeudi à Marseille (sud) à six mois de prison avec sursis.

Cette condamnation ne sera pas inscrite au casier judiciaire de cet homme de 57 ans, qui a maintenu devant le tribunal sa version des faits. En novembre, quelques jours après les attentats qui ont fait 130 morts à Paris, il avait affirmé avoir été agressé au couteau par trois hommes se revendiquant du groupe État islamique (EI).

«La vérité, c'est qu'il n'a pas été agressé comme il le dit», a asséné le procureur André Ribes, soulignant les doutes émis par toutes les personnes impliquées dans le dossier, pompiers, policiers, médecins, experts et insistant sur le sérieux de l'enquête menée par le parquet dans un contexte tendu après les attentats parisiens.

«Je n'ai jamais vu des blessures réelles à l'arme blanche comme celles-là», a encore lancé le représentant du ministère public, évoquant des problèmes conjugaux comme possible mobile du mensonge de l'enseignant.

Tzion Sylvain Saadoun, un quinquagénaire qui enseigne l'histoire-géographie dans une école juive, avait abondamment relaté sa supposée agression devant les médias, aux côtés de responsables de la communauté juive marseillaise, n'hésitant pas à montrer son abdomen et ses avant-bras striés de blessures superficielles.

Son récit avait suscité une vague d'indignation, le président François Hollande appelant à «une terrible, impitoyable même, réaction».

Aucun doute ne plane en revanche sur l'agression d'un autre professeur juif, survenue à Marseille le 11 janvier, et revendiquée au nom de l'EI par un adolescent turc qui a ensuite été inculpé.