Un proche du président Petro Porochenko, Iouri Loutsenko, a été nommé jeudi par le Parlement ukrainien au poste de procureur général, malgré les avertissements de l'Union européenne qui s'inquiète de son manque d'expérience en matière de droit.

Avec 264 votes «pour» et 37 «contre», les députés ukrainiens ont entériné la prise de fonction de Iouri Loutsenko, actuellement à la tête du groupe parlementaire du Bloc Porochenko et ingénieur de formation.

L'Union européenne avait fin avril appelé l'Ukraine à nommer un procureur général indépendant et ayant les compétences nécessaires en droit.

Mais le Parlement ukrainien a voté une loi, déposée par le parti du président Petro Porochenko, permettant de nommer un procureur général n'ayant pas de formation juridique ou n'ayant pas les 10 ans d'expérience dans le secteur, ce qui était exigé auparavant.

Iouri Loutsenko n'a ni formation juridique ni dix ans d'expérience dans le domaine, mais il a exercé deux fois les fonctions de ministre de l'Intérieur.

Sa nomination au poste de procureur général a été officialisée par un décret signé par le président ukrainien, quelques minutes après le vote.

«Nous avons besoin d'un poids lourd (politique) comme procureur général», avait plaidé M. Porochenko, avant le vote des députés.

«Je serai guidé par un seul principe: la loi est la même pour tous», a déclaré M. Loutsenko, peu après avoir été nommé.

Sa nomination a été condamnée par Mustafa Nayyem, l'un des principaux dirigeants du soulèvement populaire du Maïdan, qui a mené en février 2014 à la destitution du précédent président ukrainien, Viktor Ianoukovitch.

«Aurions-nous pu imaginer il y a deux ans dans un pays où les gens sont sortis dans la rue pour protester, notamment contre la corruption, que nous verrions un procureur général choisi contre la volonté du peuple?», a-t-il dénoncé sur le réseau social Facebook.

Le parquet général ukrainien est soupçonné depuis des décennies de prendre des décisions politiquement motivées. Malgré le changement de pouvoir en Ukraine début 2014, dans la foulée du soulèvement pro-européen du Maïdan, il se trouve encore régulièrement au coeur de scandales.

Fin mars, le Parlement ukrainien a entériné la démission du dernier procureur général en date, Viktor Chokine, un proche du président accusé de couvrir la corruption et de saboter les réformes, après des semaines de revendications en ce sens de la part de militants et de députés réformateurs.