Accusé par des élues de «harcèlement» et «agression sexuelle», le député écologiste français Denis Baupin a démissionné lundi de la vice-présidence de l'Assemblée nationale, une affaire qui jette de nouveau le discrédit sur la classe politique, cinq ans après l'affaire DSK.

Le président de l'Assemblée, Claude Bartolone, avait appelé un peu plus tôt M. Baupin, 53 ans, à démissionner après la révélation lundi par des médias de ces faits présumés, couverts par la prescription et émanant de témoignages de huit femmes, dont au moins quatre élues.

Marié à la ministre du Logement Emmanuelle Cosse, Denis Baupin, qui a quitté en avril le parti Europe Écologie-Les Verts (EELV) en raison de «désaccords stratégiques» à un an de la présidentielle, a dénoncé des allégations «mensongères, diffamatoires».

«Denis Baupin conteste fondamentalement l'idée de harcèlement sexuel et plus encore d'agression sexuelle, lesquels lui sont totalement étrangers», a assuré son avocat dans un communiqué, soulignant que sa démission visait à «pouvoir assurer sa défense».

Parmi les élues dénonçant son comportement, la porte-parole du parti EELV, Sandrine Rousseau, a raconté des faits remontant à octobre 2011 lors d'une réunion du parti écologiste à Montreuil, près de Paris.

«À un moment donné, j'ai voulu faire une pause», a-t-elle raconté au site d'informations Mediapart et à la radio France Inter. «Dans le couloir qui longe la salle, Denis Baupin est venu. Il m'a plaquée contre le mur en me tenant par la poitrine, et a cherché à m'embrasser. Je l'ai repoussé violemment».

Sandrine Rousseau dit avoir ressenti «un très grand malaise». «J'ai immédiatement pensé que c'était absolument anormal que je subisse ça. Mais le mot agression sexuelle, je l'ai mis très longtemps après».

«Harcèlement quasi-quotidien»

Une députée écologiste du nord-ouest de la France, Isabelle Attard, qui a quitté EELV en décembre 2013, évoque, elle, «du harcèlement quasi quotidien de SMS provocateurs, salaces». Elle date ces faits de juin 2012 à fin 2013, affirmant qu'elles étaient «plusieurs députées à recevoir le même SMS».

Deux autres élues, Elen Debost, adjointe au maire du Mans (centre-ouest), et Annie Lahmer, conseillère régionale en région parisienne, disent avoir été victimes de comportements déplacés du député, des faits qui pour Annie Lahmer datent d'il y a plus de 15 ans.

«Beaucoup se sont tues pour ne pas blesser sa compagne», explique Elen Debost, confiant avoir décidé de parler en tombant sur la photo de plusieurs députés, dont Denis Baupin, les lèvres maquillées de rouge pour protester «contre les violences faites aux femmes» le 8 mars. «Prise de nausée, j'ai vomi», explique Elen Debost dans une lettre adressée à la direction du parti publiée par le quotidien Le Parisien.

Plusieurs membres d'EELV ont reconnu lundi ne pas être surpris: «C'était très, très connu dans le parti», a assuré à l'AFP un collaborateur du groupe écologiste à l'Assemblée.

Le député François de Rugy (ex-EELV) s'est cependant dit sur France Inter «abasourdi parce que ce sont des accusations extrêmement graves. «Si ces faits sont avérés, ils doivent bien sûr être condamnés et c'est à la justice d'établir la vérité des faits».

En France, la prescription est de trois ans pour les délits, dont les agressions sexuelles et le harcèlement sexuel.

Cette nouvelle affaire écorne un peu plus l'image d'hommes politiques fréquemment accusés de machisme et de gestes déplacés, dans un pays pourtant traumatisé par les révélations sur Dominique Strauss-Kahn, accusé de viol en mai 2011.

Dernière affaire en date, le ministre des Finances Michel Sapin a été récemment accusé dans un livre d'avoir eu un geste déplacé envers une journaliste. Il a qualifié ces affirmations d'«allégations inexactes et calomnieuses».

L'an dernier, des femmes journalistes politiques avaient dénoncé dans une tribune le sexisme des hommes qu'elles doivent interviewer, avec de nombreuses anecdotes à l'appui.