«Séjours de luxe et cadeaux en échange de renseignements et de services»: une ancienne figure de la police française comparaît ce lundi pour corruption aux côtés de huit autres prévenus devant le tribunal correctionnel de Paris.

Michel Neyret, ancien numéro 2 de la Police judiciaire (PJ) de Lyon (centre-est), qui dirigea durant 20 ans la prestigieuse brigade antigang locale, est également soupçonné de s'être procuré ou d'avoir tenté de se procurer du cannabis provenant de saisies pour rétribuer des informateurs.

La question des relations ambiguës entre policiers et «indics» sera au centre des débats, Michel Neyret ayant justifié ses pratiques par le souci «d'obtenir des résultats (grâce) à une politique offensive de recueil de renseignements qui sous-tendait l'existence d'informateurs de haut niveau».

De fait, pendant ses 32 ans de carrière, le policier, adulé de ses équipes et de ses supérieurs, a multiplié les performances dans des enquêtes sensibles visant des braqueurs, trafiquants de drogues ou terroristes qui ont bâti sa légende et lui ont valu la Légion d'honneur, plus haute distinction française.

«C'était un excellent flic pour ne pas dire un flic exceptionnel, ce qui s'est fait de mieux en tant que chef de brigade de recherche et d'intervention», a salué lundi sur une radio l'un de ses anciens patrons et ex-directeur central de la police judiciaire, Christian Lothion.

M. Neyret avait été arrêté en septembre 2011 avec son épouse. Mis en examen pour corruption, il sera écroué huit mois avant d'être révoqué de la police et mis à la retraite.

Poursuivi pour huit délits, dont corruption, trafic d'influence passif et détournement de scellés de stupéfiant, il encourt dix ans de prison.

Parmi les huit autres prévenus figurent son épouse Nicole, trois de ses anciens subordonnés, et trois membres présumés du milieu lyonnais. Un dernier prévenu, Stéphane Alzraa, est en fuite.

L'affaire avait débuté en février 2011 par des écoutes réalisées dans le cadre d'une enquête sur une saisie de drogue en région parisienne, écoutes au cours desquelles un homme connu pour des affaires d'escroqueries se vantait d'avoir Michel Neyret dans sa poche.

L'enquête judiciaire démontrera que le policier est intervenu à plusieurs reprises en faveur de cet homme et plusieurs escrocs présumés, leur fournissant informations confidentielles et plaidant leur cause auprès de collègues et de magistrats.

Selon l'accusation, l'ex-super flic aurait bénéficié en échange de séjours au Maroc et sur la Côte d'Azur dans de luxueux hôtels, de montres de luxe et de remises d'espèces, avant la création d'une société suisse au nom de son épouse avec un compte à Dubaï où il aurait dû percevoir des commissions.

Une version contestée par Neyret qui met en avant sa volonté d'obtenir des informations de ses sources et ses liens d'amitié avec l'un des prévenus.