L'UE a dévoilé mardi ses propositions pour faire en sorte que le Royaume-Uni reste dans l'Union, mettant sur la table un frein d'urgence pour que Londres puisse couper les aides sociales aux migrants, et des garanties que la City ne pâtira pas du renforcement de l'euro.

«Être ou ne pas être ensemble, telle est la question (...) à laquelle il faudra répondre dans les deux semaines à venir», a lancé le président du Conseil européen, Donald Tusk, en rendant publiques ses «propositions pour un nouvel accord avec le Royaume-Uni dans l'UE».

Les propositions de Bruxelles, qui incluent aussi l'instauration d'un «carton rouge» que pourront brandir les parlements nationaux face à des projets européens, sont autant de réponses aux demandes de réformes de David Cameron.

Le premier ministre conservateur, réélu en mai 2015, a promis d'organiser cette consultation populaire sous la pression des europhobes de l'UKIP et de l'aile eurosceptique de son propre parti, au risque de provoquer une nouvelle crise majeure dans une Union européenne déjà ébranlée par la crise migratoire.

«Notre communauté d'intérêts est bien plus forte que ce qui nous divise», a espéré M. Tusk, se disant conscient qu'il restait «des négociations difficiles» à venir.

«Je suis convaincu que cette proposition est une bonne base pour un compromis», a poursuivi M. Tusk, alors que M. Cameron espère organiser dès juin un référendum s'il arrache un accord aux chefs d'État et de gouvernement de l'UE lors d'un sommet à Bruxelles les 18 et 19 février.

Il a promis de se faire l'avocat du maintien de son pays dans l'Union, si ses demandes étaient satisfaites.

Sur Twitter, M. Cameron a immédiatement salué mardi «de réels progrès dans les quatre domaines où le Royaume-Uni a besoin de changement». «Mais il y a encore du travail à faire», a estimé le dirigeant conservateur, qui n'avait pas hésité à faire monter les enchères en fin de semaine dernière.

Un accord «semble en vue», a estimé le secrétaire d'État britannique aux Affaires européennes, David Lidington.

Bruxelles a proposé mardi un mécanisme de «sauvegarde» pour limiter pendant une période pouvant aller jusqu'à quatre ans les aides sociales aux travailleurs migrants intra-européens qui s'installent sur le sol britannique.

Ce «frein» pourra être activé en cas «d'afflux de travailleurs d'autres États membres d'une magnitude exceptionnelle», avec l'aval de Bruxelles et des autres États membres.

«Carton rouge»

M. Cameron exigeait davantage, avec un moratoire de quatre ans avant tout versement d'aides sociales aux immigrants issus de l'UE venant travailler au Royaume-Uni. Mais cette exigence, jugée «discriminatoire», est contraire à la libre circulation des biens et des personnes, principe fondateur de l'Union.

M. Tusk a également promis à Londres de «respecter les droits et compétences» des pays qui ne sont pas membres de la zone euro. Il a présenté un «mécanisme» par lequel les neuf pays qui n'ont pas adopté la monnaie unique peuvent faire part de leurs inquiétudes et recevoir «les assurances nécessaires» sur les décisions des 19 autres États de l'UE qui l'utilisent.

Mais cela «ne constitue pas un véto et ne pourra retarder des décisions urgentes» en cas de crise financière, a assuré le président du Conseil européen, en précisant que les détails de son activation devaient encore être discutés.

La France, notamment, voit d'un mauvais oeil les revendications britanniques sur ce point, craignant qu'elles ne visent qu'à protéger les intérêts de la puissante City.

M. Tusk propose en outre un «système de carton rouge» qui permettrait, sur décision de plus de la moitié (55 %) de l'ensemble des parlements nationaux de l'UE, de stopper des projets législatifs de la Commission européenne, ce qui était l'une des principales revendications de M. Cameron.

En promettant d'organiser cette consultation à haut risque, qui pourrait déclencher un autre séisme dans l'Union déjà éprouvée par la crise migratoire, le premier ministre britannique, confortablement réélu en mai 2015, espérait stopper dans son élan le parti europhobe UKIP de Nigel Farage, et répondre aux eurosceptiques de son propre parti.

Mais, sans surprise, ces derniers ont critiqué mardi les propositions européennes, à l'instar du maire conservateur de Londres, Boris Johnson, qui a appelé à faire «bien davantage».

D'après les sondages, les Britanniques restent très partagés. Le référendum pourrait être organisé le 23 juin, selon les médias.