Une délicate opération pour tenter de remorquer le Modern Express, cargo à la dérive depuis sept jours dans le golfe de Gascogne et menaçant de s'échouer sur les côtes françaises, a été menée lundi matin avec «succès», ont annoncé les autorités françaises.

Le Centaurus, un remorqueur espagnol avec lequel le roulier a pu être connecté en fin de matinée, «a réussi à le pivoter, à lui mettre le nez vers le large, et il a commencé le remorquage», a indiqué un porte-parole de la préfecture de l'Atlantique.

«Le convoi fait actuellement route vers l'ouest à 3 noeuds» (5,5 km/h), a précisé ce porte-parole, indiquant que la priorité des experts était désormais d'éloigner le cargo des côtes pour «se donner de la marge».

Car, selon la préfecture, le câble utilisé, «plus souple, plus facile, plus maniable», peut «casser», notamment en raison de la houle qui restait importante en début d'après-midi avec des creux de 2,50 à 3 mètres de haut, et de la force de traction.

Il faudrait alors «repasser une remorque (câble) aujourd'hui» pour que le navire ne s'échoue pas, toujours selon la préfecture, qui indique que les conditions météo restaient favorables, le cas échéant, pour une nouvelle tentative.

Cargo récent (2001) immatriculé au Panama, le Modern Express mesure 164 mètres de long et transporte 3600 tonnes de bois en grume et des engins de travaux. Il naviguait du Gabon vers le port français du Havre (nord-ouest) lorsqu'il a émis mardi un signal de détresse à 280 km de la pointe Nord-Ouest de l'Espagne, à la suite d'une forte gîte, probablement due à un désarrimage de sa cargaison. Ses 22 hommes d'équipage, philippins, avaient été évacués par des hélicoptères espagnols.

Les experts ont profité d'une accalmie météo lundi matin pour faire cette ultime tentative, alors que le cargo poursuivait sa dérive vers le littoral, menaçant de s'échouer sur les côtes du sud-ouest de la France.

Quatre spécialistes d'une société néerlandaise ont été hélitreuillés à bord du navire vers 7 h 30 GMT (2h30 à Montréal), à une quarantaine de kilomètres des côtes françaises. Ils ont pu connecter avec des câbles le Modern Express à deux remorqueurs, dont le Centaurus.

Cinq navires sont présents sur place pour mener cette difficile opération: les deux remorqueurs espagnols, un remorqueur de la marine française, une frégate française de lutte anti-sous-marine, ainsi qu'un bâtiment de dépollution.

Les ports possibles pouvant servir de «port refuge» ne sont «pas encore définis», selon la préfecture. Mais des plans d'eau calmes, nécessaires pour stabiliser le navire en vue de son redressement, existent «sur les côtes françaises» comme «sur les côtes espagnoles».

Vendredi, puis samedi, des experts avaient déjà été hélitreuillés à bord du cargo fortement incliné avec une gîte de 40-50 degrés, mais ces opérations n'avaient pas permis le remorquage.

Dimanche, une météo hostile, avec de fortes rafales de vent et des creux de près de 6 m, avait empêché toute nouvelle tentative d'hélitreuillage ou de remorquage.