Des militants ukrainiens ont déboulonné dans une ville du centre-est de l'Ukraine un monument à Grigori Petrovski, qualifié de « bourreau » pour son rôle dans la grande famine des années 1930, a annoncé samedi la mairie.

Haut de sept mètres et lourd de 12 tonnes, ce monument en bronze a été déboulonné vendredi soir à Dnipropetrovsk par des « patriotes ukrainiens », a indiqué dans la nuit de vendredi à samedi la mairie de cette grande ville ukrainienne située près de l'Est rebelle prorusse.

Des jeunes hommes ont séparé la statue de son piédestal à l'aide d'une scie avant de la faire tomber, à l'initiative d'un député, Andri Denissenko, proche du maire, a précisé l'agence Interfax-Ukraine, selon laquelle les policiers présents sur place ne sont pas intervenus.

Installé en 1976, « ce monument ira dans un musée », a affirmé sur sa page Facebook le maire Boris Filatov, qualifiant Grigori Petrovski de « bourreau », terme qui lui a été attribué après l'indépendance de l'Ukraine.

Les militants, qui ont chanté l'hymne ukrainien, ont écrit « Ennemi » et « Bourreau » sur le piédestal.

« Le sort du monument déboulonné sera décidé par les habitants de Dnipropetrovsk », a nuancé l'adjoint au maire Mykola Lyssenko, cité par le communiqué de la mairie.

« La statue est presque intacte (...) et n'a perdu que ses pieds », a assuré la mairie.

Le Parti communiste ukrainien, récemment interdit, a dénoncé cet incident comme « acte de vandalisme » perpétré par des « vandales néonazi » dans un communiqué.

Grigori Petrovski (1878-1958), qui a donné son nom à la ville rebaptisée Dnipropetrovsk en son honneur à l'époque soviétique, était un des leaders bolchéviques en Ukraine après la révolution de 1917 et son dirigeant de facto de 1922 à 1938. En 1922, il signa l'accord formel sur l'intégration de l'Ukraine à l'URSS.

En 1932, le régime soviétique de Staline avait déclenché une campagne de collectivisation forcée au cours de laquelle il avait réquisitionné semences, blé, farine, légumes et bétail, acculant les paysans à la famine.

Selon des historiens ukrainiens et occidentaux, cette famine, provoquée intentionnellement par le pouvoir soviétique, visait à briser les velléités d'indépendance de l'Ukraine. La Russie de son côté dénonce cette interprétation.

Depuis la chute du président prorusse et l'arrivée au pouvoir des pro-occidentaux, l'Ukraine s'efforce de rompre avec son passé soviétique sur fond d'un conflit armé avec les séparatistes prorusses dans l'est du pays, précédé par l'annexion de la péninsule ukrainienne de Crimée par la Russie en mars 2014.