Des milliers de personnes sont descendues dans la rue samedi à Varsovie et dans une trentaine d'autres villes de Pologne pour, une nouvelle fois, « défendre la liberté » menacée, selon elles, par les conservateurs de Jaroslaw Kaczynski, au pouvoir depuis octobre.

« Nous ne sommes pas des révolutionnaires. Les révolutionnaires, ce sont ceux qui détruisent un ordre, qui tentent d'imposer par la force leur ordre à eux. Nous, on veut préserver notre démocratie et notre liberté », a déclaré Mateusz Kijowski, fondateur du Comité de défense de la démocratie (KOD), un mouvement civique né spontanément pour s'opposer aux démarches controversées du parti Droit et Justice (PiS).

Par une journée ensoleillée, mais très fraîche, plusieurs milliers de manifestants se sont réunis à Varsovie devant le bâtiment abritant le bureau de la première ministre Beata Szydlo, avant de passer devant le palais présidentiel.

Au-dessus de leurs têtes flottaient des drapeaux nationaux blanc et rouge et européens, ainsi que des pancartes clamant « Non à la poutinisation, non à la surveillance (policière), non au communisme! », « Je ne saurai abandonner la liberté », « Kaczynski, va-t-en en Hongrie! » ou encore « J'aime l'UE, y compris l'Allemagne », allusion aux remarques antiallemandes présentes dans le discours du pouvoir conservateur polonais.

Le KOD a organisé samedi des manifestations dans trente-six villes de Pologne. Des rassemblements de soutien devaient avoir lieu le même jour à Amsterdam, Berlin, Bruxelles, Londres, Melbourne, Paris, Stockholm et Vienne.

« Je me souviens de l'époque communiste et je ne veux pas que cela se reproduise, alors que cela commence à y ressembler », a déclaré à l'AFP Antoni, un chercheur en sciences naturelles à la retraite, un drapeau étoilé européen à la main.

Les manifestations sont une réaction à une série de lois et de démarches des conservateurs visant le Tribunal constitutionnel, les médias publics et d'autres institutions démocratiques qui ont éveillé l'inquiétude tant en Pologne qu'au sein de l'Union européenne.

La Commission européenne, préoccupée par les mesures concernant le Tribunal et les médias publics, a entamé une procédure de vérification de la situation en Pologne et le Parlement européen y a consacré un débat mardi dernier à Strasbourg.