L'homme fort de la république russe de Tchétchénie, Ramzan Kadyrov, s'est dit prêt mardi à s'occuper des opposants à Vladimir Poutine, «traîtres à la patrie» et «ennemis du peuple», qu'il invite à se faire interner en hôpital psychiatrique.

Dans une tribune publiée dans le quotidien russe Izvestia, Ramzan Kadyrov, au centre depuis plusieurs jours d'une polémique après avoir qualifié d'«ennemis du peuple» les médias «libéraux», le président tchétchène persiste et signe.

Évoquant la radio indépendante Écho de Moscou, la télévision Dojd et le quotidien RBK et «tous les autres qui diffusent avec plaisir des informations fausses et hypocrites alimentées par leur haine viscérale de la Russie», Ramzan Kadyrov estime qu'il faut traiter médicalement leur «psychose».

«Je peux les aider à régler leur problème clinique et promets que nous ne lésinerons pas sur les piqures», dit-il. «Là où une injection est prescrite, nous pourrons en faire deux», écrit le dirigeant tchétchène.

«En n'épargnant pas l'ennemi, nous sauverons la Russie», conclut-il, menaçant.

À l'époque soviétique, les autorités avaient régulièrement recours à l'internement psychiatrique pour les «ennemis du peuple», un terme recouvrant toute personne critique du pouvoir soviétique. L'appel le 12 janvier de M. Kadyrov contre les médias «libéraux» qui veulent «propager le chaos» en Russie avait suscité les critiques des médias indépendants.

Ramzan Kadyrov entretient des rapports compliqués avec l'opposition libérale et avec les médias indépendants critiques de son pouvoir.

Plusieurs personnes qui avaient critiqué sa gestion à poigne de la Tchétchénie ont été tuées, notamment la journaliste d'investigation Anna Politkovskaïa assassinée en octobre 2006, avant son arrivée à la présidence tchétchène, à l'époque où il dirigeait ses milices, les «kadyrovtsy».

Après le meurtre en 2009 de Natalia Estemirova, la représentante de l'ONG Mémorial à Grozny, un crime que l'organisation imputait à son régime, Ramzan Kadyrov avait qualifié ces activistes «d'ennemis du peuple».

Des Tchétchènes sont également soupçonnés d'avoir tué en février 2015 l'opposant Boris Nemtsov à Moscou.

Le dirigeant tchétchène supporte mal la critique. Dans sa république, les autorités n'hésitent guère à entretenir un culte de la personnalité de M. Kadyrov, dont le portrait se dresse un peu partout à Grozny.

Après les dernières déclarations de M. Kadyrov, le rédacteur en chef de la radio Écho Moscou a annoncé un renforcement des mesures de sécurité.