Des députés britanniques ont étrillé lundi le milliardaire américain et candidat à la Maison-Blanche Donald Trump, qualifié de «corrosif, vénéneux» voire «imbécile», lors d'un débat de trois heures, sans vote, sur une éventuelle interdiction de séjour au Royaume-Uni.

Les discussions ont souvent été passionnées, mais elles n'ont qu'une portée symbolique puisque le gouvernement britannique, seul habilité à prononcer une telle interdiction, a déjà annoncé qu'elle n'appliquerait pas une telle interdiction.

Aucun vote n'avait d'ailleurs été prévu à l'issue du débat parlementaire organisé dans une petite pièce à Westminster Hall et non à la Chambre des Communes proprement dite.

Ce débat intervenait après le succès d'une pétition qui a recueilli plus de 574.000 signatures et demandant l'interdiction de séjour de Donald Trump au Royaume-Uni après ses déclarations contre les musulmans.

Faisant fi des critiques évoquant une «perte de temps» voire une «hypocrisie», le député travailliste Paul Flynn, qui présidait le débat, a souligné qu'il était «très difficile» d'ignorer une pétition ayant reçu plus d'un demi-million de signatures.

«On a vu aujourd'hui le Parlement à son tout meilleur», a-t-il assuré en clôture d'échanges très animés.

Comme une majorité de députés, il s'est déclaré opposé à une interdiction de séjour pour M. Trump, malgré des remarques «extrêmement dangereuses», car cela lui conférerait un rôle «de martyre». Il a estimé préférable de recevoir le candidat républicain «avec courtoisie» et de lui demander de trouver ces zones où la police aurait «soi-disant peur de se rendre à Londres». La travailliste Naz Shah, députée de Bradford West, l'a aussi conviée à venir goûter «un curry».

D'autres députés ont été plus caustiques.

«Donald Trump est un imbécile. Il a le droit d'être un imbécile. Il n'a pas le droit d'être un dangereux imbécile sur nos terres», a notamment clamé le député travailliste Jack Dromey.

Sa collègue Tulip Siddiq a estimé qu'il fallait «empêcher cet homme corrosif et vénéneux, qui salit l'ensemble de la communauté musulmane, d'entrer dans le pays».

Une députée du SNP, Anne McLaughlin, a, elle, présenté ses «excuses pour les origines écossaises de M. Trump».

L'Écosse, d'où est originaire la mère du milliardaire américain, avait déjà pris ses distances avec le candidat républicain en lui retirant notamment un doctorat honorifique et un titre d'ambassadeur d'affaires.

Certains députés, à l'image du conservateur Edward Leigh, ont cependant regretté que le parlement soit «tombé dans le piège» et que le débat offre une publicité gratuite à M. Trump.

La vice-présidente de l'entreprise écossaise Trump International Golf Links, Sarah Malone a elle estimé lundi «absurde de perdre un temps parlementaire précieux pour débattre de questions soulevées dans le cadre de la campagne présidentielle américaine». Elle a également rappelé que son patron investissait des centaines de millions d'euros en Écosse.

Donald Trump s'était attiré une pluie de critiques dans le monde entier après avoir proposé début décembre d'empêcher les musulmans d'entrer aux États-Unis à la suite de la mort de 14 personnes dans une fusillade à San Bernardino, en Californie.

Il avait de plus affirmé qu'il existait à Paris et à Londres des zones radicalisées où les policiers refusaient d'entrer, une assertion immédiatement démentie dans les deux capitales.

Le premier ministre britannique David Cameron avait qualifié ces déclarations de «clivantes, stupides et fausses». «S'il venait dans notre pays, nous serions tous unis contre lui», avait-t-il ajouté.