Un enseignant juif a été victime d'une agression antisémite lundi à Marseille, dans le sud-est de la France, revendiquée «au nom d'Allah» et du groupe État islamique (EI) par son auteur, un adolescent turc d'origine kurde armé d'une machette.

La section antiterroriste du Parquet de Paris a été saisie de l'affaire, qui survient dans une France traumatisée par une série d'attaques djihadistes.

En début de matinée, un mineur, qui aura 16 ans la semaine prochaine, a frappé dans la rue un professeur de l'Institut franco-hébraïque âgé de 35 ans, qui portait une kippa.

Il l'a attaqué par-derrière, puis l'a poursuivi sur quelques mètres avant de le frapper à nouveau, le blessant à l'épaule et au bras avec une machette qu'il a laissée sur place, avant de s'enfuir puis d'être arrêté.

Lors de son audition, le jeune homme a «revendiqué avoir agi ainsi au nom d'Allah et de l'État islamique», a indiqué le procureur de Marseille, Brice Robin. «Il s'agit à l'évidence d'une agression à caractère antisémite» avec une «forme de préméditation», a-t-il ajouté.

Outre sa machette, l'agresseur portait également un couteau avec une lame en céramique qu'il destinait «aux policiers qu'il comptait agresser» et s'en est aussi pris verbalement à l'armée française qui, selon ses propos, «garde les Juifs», a expliqué le procureur Robin devant la presse.

«De tels actes sont innommables et injustifiables», a dénoncé le président François Hollande, assurant de la détermination de l'État à «agir avec la plus grande fermeté contre l'antisémitisme et le racisme».

Le ministre de l'Intérieur français Bernard Cazeneuve a dénoncé une «révoltante agression antisémite». Le premier ministre Manuel Valls s'est lui aussi dit «révulsé».

Le Parquet de Paris a ouvert une procédure pour «tentative d'assassinat aggravée en raison de l'appartenance à une religion et en relation avec une entreprise terroriste».

Radicalisé via internet

Selon les premiers éléments de l'enquête, l'adolescent, scolarisé dans un lycée de Marseille où il était bon élève, n'était pas dans le radar des services de renseignement.

Il n'avait pas d'antécédents judiciaires ni de troubles psychologiques signalés et sa radicalisation semble être passée inaperçue de sa famille, comme de ses professeurs.

Son profil «semble être celui d'une personne radicalisée via internet», a indiqué le procureur Robin.

«Cet acte témoigne du risque pour certains individus isolés, pas du tout connus des services de police et de renseignement, de passer à l'acte sous l'influence de la propagande, diffusée notamment sur les réseaux internet, par Daech (ndlr, acronyme arabe de l'EI)», a souligné Bernard Cazeneuve.

Le président du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), Roger Cukierman, s'est dit «atterré» et «très choqué» par cette agression, dans une ville qui compte une importante communauté juive de quelque 70 000 personnes.

L'agression est survenue deux jours après l'anniversaire de l'attaque djihadiste contre un supermarché casher de Paris, dans laquelle quatre juifs avaient été tués le 9 janvier 2015.

À Marseille, elle intervient aussi moins de deux mois après celle d'un autre enseignant juif, à l'aide d'un couteau, dans le nord de la ville.

Le préfet a tenu à marquer toute la «solidarité» de l'État et sa «détermination à assurer la protection des sites», notamment les écoles juives qui bénéficient déjà de gardes statiques à l'entrée et à la sortie des élèves.

Depuis les attentats djihadistes de janvier 2015, contre des journalistes, des juifs et des policiers, plus de 700 synagogues, écoles juives, centres communautaires sont protégés par l'armée ou la police.