Le maire de Bruxelles a annoncé mercredi soir l'annulation des festivités du Nouvel An et du feu d'artifice prévus au centre-ville, invoquant des risques liés aux menaces d'attentats.

«Nous sommes contraints de l'annuler compte tenu de l'analyse du risque faite par le centre de crise», a déclaré, visiblement déçu, le bourgmestre Yvan Mayeur en direct sur la chaîne publique RTBF lors du journal du soir.

La décision a été prise au dernier moment, après une nouvelle analyse de la situation par l'organe chargé de l'évaluation de la menace terroriste en Belgique, l'Ocam, et consultation avec le ministre de l'Intérieur.

«Il vaut mieux ne pas prendre le risque», a expliqué M. Mayeur, alors que la situation ne permet pas de «garantir que l'on a contrôlé tout le monde qui vient sur l'événement».

Environ 100 000 personnes avaient assisté au passage à la nouvelle année l'an passé sur la place de Brouckère, au centre de Bruxelles.

«C'était une décision, je le mesure bien, délicate, difficile à prendre pour le bourgmestre», a observé le premier ministre belge Charles Michel, également invité à la RTBF, qui a qualifié la décision de «juste».

Ce n'est pas la première fois que le feu d'artifice du Nouvel An est annulé à Bruxelles: c'était déjà arrivé en 2007, en lien également avec une menace terroriste.

Dans les rues de la capitale bruxelloise, le sentiment était mitigé.

«Il vaut mieux annuler que prendre des risques. Une fois que le mal est fait, on peut plus revenir», note pragmatiquement Georges, un Belge d'origine grecque, installé avec des amis dans un bar du quartier d'Ixelles, un peu en dehors du centre.

Depuis les attaques de Paris et les liens établis avec la Belgique, le petit groupe évite les endroits très fréquentés, comme la Grand Place, cible selon certains médias d'un projet d'attentat rendu public en début de semaine. Il ne prévoyait pas de se rendre au feu d'artifice.

Un peu plus loin Alexandre, un Français de 28 ans qui a emménagé à Bruxelles il y a un mois, se dit déçu: il avait prévu de se rendre dans le centre pour la nuit de la Saint-Sylvestre.

«C'est dommage qu'ils (les djihadistes) arrivent à toucher ce genre d'événement,» regrette son frère Baptiste qui lui rend visite. «On va chercher des trucs moins exposés» pour fêter le Réveillon, promettent-ils.

De son côté, Charles Michel a estimé qu'il fallait accepter «des aménagements le plus provisoires possible».

La Belgique et notamment Bruxelles, qui abrite les institutions européennes et l'OTAN, est placée depuis fin novembre au «niveau 3 d'alerte terroriste», soit un cran sous le niveau maximal, ce qui traduit une «menace possible et vraisemblable».

La capitale belge a même vécu pendant presque six jours au niveau 4, à la suite des attaques du 13 novembre à Paris.

Mardi, le parquet fédéral a annoncé l'arrestation de deux personnes soupçonnées de préparer des attentats dans la capitale pour les fêtes de fin d'année. Évoquant des menaces «sérieuses», le parquet a indiqué que «plusieurs lieux emblématiques de Bruxelles» étaient visés.

«Les enquêtes sont toujours en cours, le parquet bruxellois, le parquet fédéral, continuent de travailler sur cette menace», a encore justifié Yvan Mayeur.