Le président russe Vladimir Poutine recevait jeudi le premier ministre indien Narendra Modi pour une visite au cours de laquelle la Russie espère faire des progrès dans la vente de son système de défense antiaérienne dernier cri, le S-400.

Un an après avoir accueilli M. Poutine en Inde et lui avoir apporté un soutien économique et diplomatique en pleine crise ukrainienne, Narendra Modi est arrivé mercredi soir dans la capitale russe.

Il a dès sa sortie de l'avion partagé un dîner informel avec Vladimir Poutine, un entretien qualifié de «très constructif et chaleureux» par le Kremlin. La rencontre officielle entre les deux chefs d'État, avec signatures de contrats à la clé, a débuté peu après 12H00 GMT jeudi.

Sa visite a pour objectif de renforcer le «partenariat stratégique privilégié» entre les deux pays, considérés comme des alliés proches depuis les années 1950 et qui collaborent déjà au sein des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) et de plusieurs autres organisations régionales.

«Désormais nous avons un ami fidèle dans l'arène politique et internationale. La Russie s'est toujours tenue à nos côtés lors des moments difficiles», s'est félicité M. Modi avant son entretien avec Vladimir Poutine, vantant sa présidence, qui a «élevé la Russie à un nouveau niveau malgré les difficultés».

Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a indiqué que Moscou s'attendait notamment à un accord pour simplifier l'octroi de visas entre les deux pays, ainsi qu'à la signature de contrats avec l'agence nucléaire russe Rosatom et avec la compagnie des chemins de fer RZD.

M. Modi a indiqué vouloir tripler le volume des échanges commerciaux entre les deux pays d'ici à 2025.

Le principal résultat concret de sa visite devrait être la signature de contrats dans l'énergie et notamment un accord sur la construction de nouveaux réacteurs nucléaires de conception russe dans le sud de l'Inde. Très dépendante de l'étranger pour son approvisionnement énergétique, New Delhi avait annoncé l'année dernière sa volonté de construire 10 nouveaux réacteurs nucléaires sur son sol en coopération avec la Russie.

Les S-400 «très séduisants»

Les deux pays sont toutefois en négociations sur un contrat éminemment plus stratégique: celui de la vente des systèmes antiaériens russes dernier cri S-400. Une telle acquisition ferait de l'Inde le deuxième pays étranger doté de tels missiles après la Chine.

«Il y aura bien évidemment des discussions sur le sujet lors de la rencontre», s'est contenté de répondre le secrétaire d'État aux Affaires étrangères S. Jaishankar, refusant de «spéculer» sur le résultat de ces négociations.

Dans un communiqué, la holding indienne Reliance, notamment présente dans l'industrie militaire, a rapporté que le ministère de la Défense indien avait donné son feu vert théorique pour l'acquisition des systèmes antiaériens russes, «créant des opportunités commerciales de près de 6 milliards de dollars».

La branche du ministère chargée des acquisitions d'armement, présidée par le ministre Manohar Parrikar, a décidé de l'achat de cinq systèmes, selon l'agence de presse Press Trust of India, qui s'appuie sur des responsables de la Défense. Selon ces sources, un tel achat «améliorera la capacité du pays à défendre son espace aérien».

«Le contrat final ne sera pas signé lors de la visite du premier ministre indien en Russie», nuance toutefois l'expert militaire Dipankar Banerjee.

«Il nécessitera davantage de négociations pour déterminer par exemple la quantité à acheter, la fabrication, les transferts de technologie, les autorisations ou encore combien seront produits en Inde», souligne-t-il.

La Russie est le premier fournisseur historique d'équipement militaire de l'Inde, elle-même premier importateur mondial d'armement conventionnel. L'Inde cherche à développer ses propres capacités de production d'armement.

«Le pays est vulnérable face au Pakistan et à la Chine en terme d'attaques de missiles et de bombardements aériens. Les S-400 sont pour l'Inde un équipement très très séduisant, bien qu'il reste très onéreux», résume Dipankar Banerjee.