Une femme a été tuée et une autre blessée par une explosion à l'origine inconnue mercredi dans le deuxième aéroport international d'Istanbul, alors que la Turquie est en état d'alerte élevée après plusieurs attentats sanglants.

Zehra Yamaç, agent d'entretien âgée de 30 ans, est morte des suites de blessures reçues à la tête lors de l'explosion survenue sur le tarmac de l'aéroport Sabiha Gökçen dans la nuit de mardi à mercredi, a rapporté l'agence de presse progouvernementale Anatolie.

L'une de ses collègues, Canan Çelik Burgucu, 33 ans, a été blessée à la main et hospitalisée, a ajouté Anatolie.

De nombreux pompiers et des policiers, appuyés par un hélicoptère, ont rapidement été dépêchés sur place, a rapporté Anatolie. Équipés de fusils d'assaut et de gilets pare-balles, ils surveillaient les entrées de l'aéroport et inspectaient des véhicules à proximité, ont rapporté les médias turcs.

«Une explosion dont les causes sont encore inconnues est survenue à 02H05 (00H05 GMT) dans l'aire de stationnement des avions», a précisé la compagnie aérienne Pegasus Airlines.

Les deux femmes se trouvaient dans un avion de la compagnie proche du site de l'explosion lorsqu'elles ont été blessées, a ajouté Pegasus, précisant qu'il n'y avait «aucun passager à bord de l'avion».

Le lieu précis de l'explosion n'était pas immédiatement connu.

Le ministre des Transports Binali Yildirim a déclaré qu'il était trop tôt pour déterminer les causes de l'incident, assurant toutefois qu'il n'y avait eu «aucune négligence» concernant la sécurité de l'aéroport.

Cinq avions ont été légèrement endommagés à la suite de l'explosion, a-t-il indiqué.

L'aéroport Sabiha Gökçen, du nom de la première pilote turque, qui propose des vols domestiques et internationaux, est le second aéroport d'Istanbul, derrière l'aéroport international Atatürk, situé lui sur la rive européenne de la ville.

L'aéroport, où opèrent de nombreuses compagnies à bas prix, est détenu par la Malaysian Airports Holding.

Reprise du trafic

«Nous travaillons très étroitement avec le gouvernement turc et nos homologues pour aider l'enquête et nous attendons leur rapport officiel», a déclaré Dato' Azmi Murad, directeur général de l'aéroport, dans un communiqué.

Les vols ont repris normalement deux heures après l'explosion, a-t-il indiqué.

Les autorités turques, engagées dans une «lutte globale contre le terrorisme», sont en état d'alerte élevée depuis le double attentat suicide d'Ankara qui a causé la mort de 103 personnes le 10 octobre lors d'un rassemblement pacifique.

Cette attaque a été attribuée aux djihadistes de l'organisation État islamique (EI), de même que deux autres attentats meurtriers survenus auparavant dans le sud-est à majorité kurde de la Turquie.

Longtemps accusées de complaisance à l'égard des groupes islamistes radicaux, les autorités turques ont multiplié ces derniers mois les interpellations dans les milieux jihadistes.

Ankara a établi une liste de plus de 33 000 djihadistes potentiels originaires de 123 pays et multiplié les expulsions, près de 2.800, selon les chiffres communiqués par les autorités.

En parallèle, Ankara a lancé la semaine dernière une vaste offensive dans le sud-est de la Turquie contre le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).

Après plus de deux ans de cessez-le-feu, des combats meurtriers ont repris l'été dernier entre Ankara et le PKK, faisant voler en éclats les pourparlers de paix engagés en 2012 pour mettre un terme à un conflit qui a fait plus de 40 000 morts depuis 1984.

Un groupe d'extrême gauche, le Parti/Front révolutionnaire de libération du peuple (DHKP-C), a également mené plusieurs attaques à Istanbul au cours des derniers mois.