La Russie n'a pas pour objectif de recréer l'URSS, a assuré le président russe Vladimir Poutine dans un documentaire diffusé dimanche par la télévision publique russe, regrettant que «personne ne veuille (le) croire».

«Concernant l'Ukraine et l'espace post-soviétique, je suis convaincu que la position de nos partenaires occidentaux n'est pas liée aux intérêts de l'Ukraine: elle est liée à leurs tentatives d'empêcher le rétablissement de l'URSS», a-t-il déclaré dans ce documentaire intitulé L'Ordre mondial.

«Mais personne ne veut nous croire, ne veut croire que nous n'avons pas comme objectif de recréer l'Union soviétique», a poursuivi Vladimir Poutine, dont l'interview pour ce documentaire a été tournée jeudi, après sa conférence de presse annuelle.

Depuis le début de la crise ukrainienne, qui a vu le président pro-russe Viktor Ianoukovitch être chassé du pouvoir après plusieurs mois de manifestations pro-européennes sur la place Maïdan à Kiev, la diplomatie russe reproche aux Occidentaux de poursuivre la «politique d'endiguement» mise en place par les États-Unis contre l'URSS pendant la Guerre froide.

Dans ce contexte, Vladimir Poutine s'est inquiété de la présence et de la «modernisation (...) dangereuse» des armes nucléaires américaines installées en Europe.

«C'est bien sûr dangereux. Pourquoi? Parce que nos armes nucléaires tactiques n'ont pas de caractère stratégique pour les États-Unis, elles n'atteignent pas leur territoire. Mais les armes américaines en Europe peuvent atteindre notre territoire», a poursuivi le président russe.

«En ce sens, elles représentent pour nous un caractère stratégique et un grand danger», a-t-il ajouté.

«La Russie, qui fait partie des grandes puissances nucléaires du monde, doit essayer de moderniser cette arme», a-t-il insisté.

Evoquant les opérations militaires menées au cours de la dernière décennie par des armées occidentales en Afghanistan, en Irak ou en Libye, Vladimir Poutine a également dénoncé l'attitude de l'Occident, qui se croit «infaillible» tandis que lui a toujours «eu pour position d'agir soigneusement».

«Il ne faut pas mettre en avant, de façon automatique ou mécanique, ses propres représentations de la démocratie, du bien et du mal, à d'autres pays et d'autres peuples qui ont d'autres cultures, religions ou traditions», a-t-il déclaré.

Mais selon le président russe, personne ne l'a jamais écouté car, «apparemment, ils (l'Occident, ndlr) se croient infaillibles. Mais quand il faut prendre ses responsabilités, il n'y a plus personne».

Tourné par la chaîne de télévision publique Rossiya 1, ce film documentaire qui fait aussi intervenir l'ancien patron du FMI Dominique Strauss-Kahn ou l'ex-président pakistanais Pervez Musharraf, a été diffusé dimanche soir à Moscou, après l'avoir été plus tôt dans la journée dans l'est de la Russie.