La démarche singulière de Vladimir Poutine - bras gauche ballant et bras droit presque immobile - serait due aux entraînements intensifs suivis au KGB et non un signe précurseur de la maladie de Parkinson, assure une étude publiée mardi dans le British Medical Journal (BMJ).

La revue médicale britannique publie traditionnellement pour Noël, une édition spéciale avec des études sérieuses sur des sujets insolites et inattendus.

Une équipe de neurologues du Portugal, d'Italie et des Pays-Bas, spécialistes des troubles du mouvement, s'est cette fois penchée sur le président russe, son premier ministre Dmitri Medvedev et trois autres hauts responsables, intrigués par leur façon particulière de marcher avec balancement unilatéral des bras.

«La première chose qui nous vient à l'esprit est la maladie de Parkinson» puisque le balancement asymétrique des bras est l'un de ses signes précurseurs, expliquent les médecins qui ont scruté des vidéos des dirigeants russes sur YouTube.

Pour autant, ils écartent cette hypothèse en l'absence d'autres symptômes tels que le tremblement des mains ou une faible coordination des membres.

Vidéos à l'appui, ils relèvent au contraire la grande dextérité de Vladimir Poutine, ceinture noire au judo.

Aussi font-ils une tout autre hypothèse : leur posture aurait été modelée au KGB ou par des entraînements militaires intensifs. Le résultat est cette singulière façon de se déplacer qu'ils ont baptisée «la démarche du flingueur».

Pour étayer leur propos, ils précisent s'être procuré «un manuel d'entraînement des anciens du KGB». Ils décrivent comment les participants devaient maintenir leur main droite collée à leur poitrine pendant la marche pour pouvoir, face à l'ennemi, dégainer leur arme en une fraction de seconde.

«Nous avons trouvé d'autres exemples d'un balancement minimaliste d'un bras lié au maniement des armes : les cowboys dans les films sur le Far West présentent souvent un mouvement réduit de leur bras droit», ajoutent-ils.

Cette étude s'inscrit dans le débat et les spéculations sur la démarche de Poutine, explique Bastiaan Bloem, du centre universitaire médical de Radboud aux Pays-Bas, qui a mené les recherches.

«C'est une étude inhabituelle, mais elle livre un message très sérieux» en matière d'observation neurologique, a-t-il déclaré à l'AFP.

«Sa démarche anormale avait déjà été remarquée. Ce que nous avançons, de manière très prudente, ce sont de nouvelles hypothèses» pour l'expliquer, ajoute-t-il.

D'autres avaient envisagé une souffrance foetale, la polio durant l'enfance, une attaque cérébrale ou une paralysie causée par une naissance aux forceps.

Mais ces hypothèses ont été écartées, M. Poutine manifestant une force et une grande mobilité de son épaule et de son bras droits. Il n'y a pas non plus de signe d'une maladie dégénérative, comme ce serait le cas de Parkinson, argue M. Bloem.

Les chercheurs concèdent que le cas de Medvedev n'est pas d'une évidence absolue, celui-ci n'ayant pas reçu d'entraînement militaire.

«Sa démarche de flingueur» tiendrait alors à un phénomène de mimétisme. Il est courant, selon eux, que l'on veuille imiter le chef. Medvedev aurait ainsi calqué son comportement sur celui de son supérieur.

Ils concluent que les neurologues doivent désormais tenir compte de «la démarche du flingueur» au même titre que la maladie de Parkinson ou une pathologie affectant l'épaule pour éviter de poser un mauvais diagnostic.