Le chef du gouvernement conservateur espagnol Mariano Rajoy et son adversaire socialiste Pedro Sanchez se sont affrontés lundi soir lors d'un débat électoral d'une rare violence, marqué par les attaques du second contre le premier sur son bilan en matière de corruption.

«Le président du gouvernement, M. Rajoy, doit être une personne décente, et vous ne l'êtes pas», a déclaré Pedro Sanchez après plus d'une heure de débat très tendu, à moins d'une semaine des législatives de dimanche.

«Vous êtes jeune, vous allez perdre les élections... On s'en remet, mais ce dont on ne se remet pas, ce sont des affirmations viles, misérables, mesquines que vous avez faites ici», a répondu Mariano Rajoy, manifestement en colère.

C'est le seul débat auquel M. Rajoy, au pouvoir depuis décembre 2011, a accepté de participer, refusant de rencontrer les dirigeants des deux nouveaux partis Ciudadanos (centre-droit) et Podemos (gauche antilibérale).

M. Rajoy, sans cesse attaqué et interrompu par son adversaire, a promis, s'il reste au gouvernement, de privilégier l'emploi, les retraites, la lutte contre le terrorisme et l'unité nationale.

Quand la droite a pris le pouvoir aux socialistes fin 2011, «le pays était au bord du sauvetage (...) Nous étions le malade de l'Europe», a insisté M. Rajoy, 60 ans, en soulignant le retour de la croissance (plus de 3% en 2015).

M. Sanchez, 43 ans, a tenté de démonter les arguments du chef du gouvernement en produisant graphiques et unes de journaux visant à montrer que la droite avait délaissé les plus pauvres et privilégié le sauvetage des banques. Il a promis de reprendre la lutte contre les inégalités.

Les deux candidats ont en revanche à peine évoqué la Catalogne, en pleine fièvre indépendantiste.

«Une majorité de citoyens espagnols ne veulent plus jamais voir ca», a commenté après le débat le dirigeant de Podemos, Pablo Iglesias, critiquant les «insultes» mutuelles des représentants de la «vieille politique».

Ils ont donné «la sensation de débattre dans la boue», a abondé Albert Rivera, de Ciudadanos, assurant qu'il ne soutiendrait aucun des deux après le scrutin s'ils avaient besoin des voix de son parti pour gouverner.

Selon les derniers sondages, le Parti populaire de Mariano Rajoy creuse légèrement son avance, dépassant les 25% d'intention de vote, avec quelque 5% d'avance sur le Parti socialiste, menacé par Ciudadanos et Podemos. Le pourcentage d'indécis reste très élevé, au-dessus de 20%.