L'un accuse son adversaire de défendre la «race blanche», s'attirant le qualificatif d'élu «mafieux», un autre évoque le risque «d'une guerre civile» si l'extrême droite l'emporte: à deux jours d'un scrutin régional, le ton est monté de plusieurs crans en France.

Alors que le socialiste Claude Bartolone et la représentante du parti Les Républicains (droite) Valérie Pécresse sont au coude-à-coude en région parisienne (Île de France), le climat s'est tendu après une sortie du premier contre son adversaire qui défendrait «en creux», «la race blanche» contre les villes populaires pour «faire les poches» du Front national (extrême droite).

Mme Pécresse  a jugé «abjects» ces propos de M. Bartolone. «Un mois après les attentats» djihadistes qui ont fait 130 morts à Paris, «il introduit le concept de race au coeur de la campagne. C'est dangereux et irresponsable», a-t-elle réagi, annonçant son intention de porter plainte pour «injure aggravée».

«Quand Pécresse fait des affiches disant «nous ne voulons pas devenir la Seine-Saint-Denis de Bartolone» c'est du racisme», avait argumenté de son côté le candidat socialiste, élu de ce département du nord de Paris marqué par la pauvreté et une forte présence d'immigrés.

«Elle tient les mêmes propos que le Front national, elle utilise une image subliminale pour faire peur. Avec un discours comme celui-là, c'est Versailles, Neuilly et la race blanche qu'elle défend en creux», avait-il déclaré sur le site du magazine L'Obs, évoquant deux communes bourgeoises de la région parisienne.

Fin septembre, une eurodéputée du parti Les Républicains, Nadine Morano, avait qualifié la France de «pays judéo-chrétien» «de race blanche», provoquant un tollé. Mme Pécresse avait elle-même pris ses distances avec sa collègue, qui avait été suspendue.

M. Bartolone a aussi accusé ses adversaires de montrer du doigt ses origines italiennes pour le déconsidérer en le surnommant «don Bartolone». Un maire du parti Les Républicains l'a notamment qualifié de «parfaite incarnation des élus mafieux dont nous ne voulons plus».

«Je suis président de l'Assemblée nationale et plus de 50 ans après mon arrivée en France, on me reproche de ne pas être né en France et d'avoir un père italien. Imaginez ce que ça représente pour tous les enfants des quartiers populaires issus de l'immigration», a-t-il argumenté.

Vendredi, le premier ministre français Manuel Valls a apporté son soutien à Claude Bartolone, évoquant «un débat absurde». Il en a profité dans le même temps pour estimer que le Front national «prône la division» «qui peut conduire à la guerre civile».

La veille, la présidente du FN Marine Le Pen a promis que si elle était élue dans le Nord où elle se présente, elle allait «pourrir la vie du gouvernement». «Chaque minute de chaque jour, ils entendront parler de moi», a-t-elle affirmé.

Quelque 44,6 millions d'électeurs sont appelés dimanche, lors d'un deuxième tour, à élire les représentants de 13 régions en métropole. Au premier tour dimanche dernier, le Front national était arrivé en tête dans six régions.

PHOTO KENZO TRIBOUILLARD, ARCHIVES AFP

Valérie Pécresse, du parti Les Républicains.