L'opposant en exil et ancien oligarque Mikhaïl Khodorkovski a appelé mercredi à une «révolution» en Russie, dénonçant un «coup d'État» du président Vladimir Poutine dont il juge le pouvoir «illégitime».

«Le pays a connu un coup d'État anticonstitutionnel: des lois illégitimes et liberticides ont été prises par un parlement illégitime, elles sont appliquées par un pouvoir illégitime et une justice qui n'est pas indépendante», a-t-il déclaré depuis Londres lors d'une conférence de presse, retransmise par vidéo à Moscou.

«Pour revenir à un État de droit, il faut une révolution. La révolution est inévitable et obligatoire», a-t-il martelé. Celle-ci «peut être pacifique. C'est notre devoir de faire en sorte qu'elle le soit».

Mikhaïl Khodorkovski, qui a passé près de dix ans en prison après son arrestation en 2003 et sa condamnation pour «vol par escroquerie à grande échelle» et «évasion fiscale», a admis «ne pas savoir quand aura lieu la révolution ni qui la fera».

«Mais je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour que l'État de droit revienne et que (Vladimir) Poutine réponde de ses actes devant une cour indépendante», a-t-il poursuivi.

L'ancien PDG du groupe pétrolier Ioukos, gracié en 2013 par M. Poutine, a assuré que la politique ne l'«intéressait pas», mais qu'il «ne pouvait pas rester sans rien faire».

Convoqué lundi par la justice russe qui le soupçonne d'être le commanditaire de l'assassinat d'un maire en Sibérie il y a 17 ans, M. Khodorkovski a estimé que l'enquête sur cette affaire était «motivée politiquement».

«C'est une vieille tradition du gouvernement russe de ressortir de vieux dossiers» contre des opposants, a-t-il déclaré, ajoutant «refuser de participer à ce spectacle».

La victime, Vladimir Petoukhov, était le maire de Nefteïougansk, une ville où était installée une ancienne filiale du groupe pétrolier Ioukos, alors propriété de M. Khodorkovski. L'ancien chef de la sécurité de Ioukos, Alexeï Pitchouguine, a été condamné en 2007 à la prison à perpétuité pour cet assassinat.

M. Khodorkovski a accusé la justice de rouvrir cette affaire close en 1998 en réaction à des informations révélées par son mouvement Open Russia sur une enquête de la justice espagnole concernant les liens présumés entre la mafia russe et des proches de M. Poutine.