Le secrétaire d'État américain John Kerry a demandé mercredi au Kosovo de faire plus pour empêcher le recrutement de candidats au djihad, lors d'une brève visite dans cette ancienne province serbe indépendante depuis 2008 et soutenue par les États-Unis.

Washington et Pristina ont «travaillé étroitement pour lutter contre la menace que représentent l'extrémisme, le financement du terrorisme et contre les combattants qui reviennent de Syrie et des rangs de Daech [acronyme arabe du groupe État islamique]», a déclaré le secrétaire d'État, le plus haut responsable américain à se rendre au Kosovo depuis la visite de Hillary Clinton en novembre 2012.

Mais «il est évident qu'il faut en faire davantage», a réclamé M. Kerry au côté du premier ministre Isa Mustafa, après un entretien à l'aéroport de Pristina.

«Nous devons continuer à travailler ensemble pour combattre les fausses promesses de Daech», a-t-il insisté.

M. Kerry a félicité le Kosovo pour avoir «donné des exemples très forts pour la région avec des arrestations importantes et sa loi renforcée pour combattre l'extrémisme».

Toutefois, quelque 300 ressortissants ont rejoint les rangs des djihadistes en Syrie et en Irak, selon le ministère kosovar de l'Intérieur. Une cinquantaine ont été tués mais 120 sont rentrés dans leur pays.

La justice du Kosovo - pays pauvre de 1,8 million d'habitants, notamment albanais musulmans -, a inculpé en mai pour «terrorisme» plus d'une trentaine de personnes, soupçonnées d'avoir rejoint les rangs de l'EI en Syrie ou d'avoir prévu de s'y rendre, ainsi que des recruteurs présumés.

Le Kosovo - de même que les autres pays des Balkans occidentaux, où vivent des communautés musulmanes et qui ont aussi fourni des candidats au djihad -, s'est doté en mars d'une loi prévoyant des peines allant jusqu'à 15 ans de prison pour ses ressortissants qui partent combattre à l'étranger.

Alors que le Kosovo traverse une crise politique et que les travaux de son parlement sont constamment perturbés par l'opposition qui réclame l'abandon d'un accord - parrainé par l'UE - de normalisation des relations avec la Serbie, M. Kerry a encouragé les efforts de Pristina.

«Ne vous méprenez pas, nous n'aurions pas soutenu un accord qui menacerait la souveraineté, la sécurité ou l'indépendance du Kosovo. Nous avons trop investi ensemble dans l'avenir du Kosovo», a martelé le ministre américain, dont le gouvernement est le principal allié du Kosovo depuis l'intervention militaire de l'Otan en 1999 et l'indépendance de 2008.

Le secrétaire d'État a qualifié d'«inacceptable» la violence et les actions de l'opposition qui a empêché, à coups de gaz lacrymogène, le parlement de se réunir ces dernières semaines.

Le parlement «n'est pas un lieu pour du gaz lacrymogène et des intimidations», a-t-il condamné.

Rappelant que les États-Unis ont investi près d'un milliard de dollars au Kosovo depuis son indépendance, M. Kerry a appelé ses responsables à «rejeter la corruption, à enquêter et à juger» ceux qui s'en rendraient responsables.

Il est ensuite arrivé mercredi soir à Belgrade où il doit participer jeudi à un réunion ministérielle de l'OSCE. Lors d'une rencontre avec le Premier ministre serbe Aleksandar Vucic, John Kerry l'a «félicité» pour avoir orienté son pays «sur le chemin d'une nouvelle Serbie» et vers «une intégration à l'UE aussi rapide que possible».

Le secrétaire d'État a également salué le processus de normalisation entre Belgrade et Pristina afin de pouvoir «ranger au rayon du passé ce qui est passé», en allusion au conflit de la fin des années 1990.