Des peines de 18 ans de réclusion criminelle à perpétuité ont été requises lundi à Paris à l'encontre de six membres de l'organisation séparatiste basque ETA jugés pour le meurtre d'un policier français en 2010.

Devant les assises de Paris, l'avocate générale a demandé la peine la plus lourde à l'encontre de Mikel Carrera Sarobe, 43 ans, dernier grand chef militaire d'ETA, qu'elle désigne comme «l'un des auteurs des tirs mortels».

Elle a en revanche estimé que Xabier Goyenechea Iragorri, 35 ans, également poursuivi pour meurtre, ne pouvait être le second tireur, au vu des preuves. Elle a requis 18 ans à son encontre.

Les six etarras (NDRL: membres de l'ETA) - cinq hommes et une femme - comparaissent depuis un mois devant la cour d'assises spéciale (composée de magistrats professionnels) de Paris pour le meurtre du brigadier-chef Jean-Serge Nérin, 52 ans, le seul policier français à être tombé sous les balles de l'organisation basque et la dernière des 829 personnes tuées au nom de la lutte pour l'indépendance du Pays basque.

Ils sont soupçonnés d'avoir appartenu à un commando armé qui, le 16 mars 2010, a braqué un dépôt-vente de voitures, séquestré son employé avant de s'enfuir avec plusieurs véhicules, puis de déclencher quelques minutes plus tard une fusillade en réponse à un contrôle de police sur un chemin de Villiers-en-Bière, en région parisienne.

Dernier grand chef militaire du groupe avant que l'ETA ne renonce à la lutte armée en octobre 2011, Sarobe a déjà été condamné en 2013 à la perpétuité à Paris pour l'assassinat de deux gardes civils en 2007 à Capbreton (sud-ouest). Son ADN a été retrouvé sur des douilles sur la scène de crime, a rappelé l'avocate générale, Maryvonne Caillibotte, qui a dressé de lui le portrait d'un chef «implacable», «dur», «méticuleux».

En revanche, si des traces ADN de Goyenechea, chargé du «département technico-logistique» de l'ETA selon Madrid, ont été retrouvées sur le siège avant d'une voiture utilisée par les malfaiteurs, rien ne permet de le situer sur la scène de la fusillade.

Concluant que «les faits d'homicide volontaire et de tentative d'homicide ne sont pas établis à son encontre», l'avocate générale a estimé qu'un coauteur des tirs mortels restait «à ce jour inconnu».

«L'ensemble des traces ADN et papillaires retrouvées sur la scène de la fusillade laisse penser qu'il pouvait y avoir huit activistes sur les lieux», a-t-elle affirmé.

Le second personnage-clé du drame est pour l'accusation Arkaitz Aguirregabiria del Barrio, 32 ans, l'ex-lieutenant de Sarobe spécialiste du recrutement au sein de l'ETA. Il a été formellement reconnu par l'employé du garage où les voitures ont été volées. Il est aussi celui qui a déclenché la fusillade, selon l'avocate générale, qui a requis 30 ans de réclusion contre lui.

À l'encontre de Joseba Fernandez Aspurz, 32 ans, interpellé sur les lieux, et de Iosu Urbieta Alcorta, 37 ans, 25 ans de prison ont été requis.

L'accusation a demandé 18 ans de réclusion contre la seule femme accusée, Izaskun Lesaca Arguelles, 40 ans, «la voix» qui interrogeait l'employé du garage, dont la présence sur le chemin vicinal n'a pu être prouvée.

L'avocate générale a enfin regretté un procès «sans débat contradictoire», du fait du refus récurent des accusés d'assister aux audiences, sauf à lire des textes dénonçant «l'occupation du Pays basque».

L'ETA, un groupe créé en 1959 pour résister à la dictature franquiste avant de devenir une organisation paramilitaire indépendantiste, avait admis être l'auteur de la fusillade, accusant la police française d'avoir tiré la première.

Le verdict est attendu mercredi.