La rame d'essai du TGV qui a déraillé samedi en Alsace, faisant au moins 11 morts et 37 blessés, a percuté un pont avant de quitter la voie et chuter de la ligne ferroviaire, selon un premier scénario de l'accident, a indiqué dimanche le parquet de Strasbourg.

Selon les premiers éléments de l'enquête, la motrice a «percuté» le pont et «le train a ensuite déraillé avant de basculer sur le talus de la ligne ferroviaire», a déclaré à l'AFP le procureur-adjoint du parquet de Strasbourg, Alexandre Chevrier.

Un porte-parole de la SNCF a confirmé ce premier scénario, précisant que dans le choc de l'accident, le train s'était séparé en deux.

«Le TGV a quitté la voie au niveau du pont et a percuté des rambardes de protection. Une partie des voitures est tombée dans le canal et l'autre dans un champ», a-t-il indiqué.

En début de soirée, plus aucun corps ne se trouvait sur le site, a ajouté M. Chevrier en précisant qu'aucune nouvelle victime n'avait été retrouvée lors des recherches menées dimanche.

Tandis que le président du directoire de la SNCF, Guillaume Pepy, avait confirmé dans la journée «la présence d'un certain nombre d'accompagnants dans la rame», dont des enfants, le parquet de Strasbourg n'était pas en mesure de préciser leur nombre.

Accompagnants

Un porte-parole de la SNCF a affirmé qu'il y avait des enfants blessés, sans préciser s'ils étaient blessés « légers ou graves ».

M. Pepy a pour sa part confirmé « la présence d'un certain nombre d'accompagnants dans la rame », dont des enfants.

« Chaque essai fait l'objet d'une liste d'accompagnants [...] autorisés à participer » et cette liste « a été transmise aux enquêteurs », a ajouté M. Pepy. Ces derniers « détermineront la cohérence » de cette liste avec « les personnes à bord » au moment de l'accident, a-t-il dit.

« Qu'il s'agisse de cheminots ou d'accompagnants, de gens sur la liste ou de gens pas sur la liste, la SNCF assumera sa responsabilité à l'égard de toutes les victimes », a-t-il encore déclaré.

Les enquêtes « permettront d'éclairer [...] qui sont ces accompagnants, pourquoi étaient-ils à bord, dans quelles circonstances avaient-ils été admis à monter dans cette rame », avait-il déclaré quelques heures plus tôt sur la radio France Info. « Ça n'est pas une pratique que la SNCF reconnaît. On n'est pas dans une phase touristique ou dans une phase amicale. Un train de test est un train de test », avait-il reconnu.

Le procureur-adjoint a exprimé des réserves concernant le cas supposé de cinq personnes portées disparues, évoqué samedi par les enquêteurs, soulignant qu'un travail de «recoupement» des personnes à bord de la rame était en cours.

«Le problème est cette liste de personnes qui ont pu ou ne pas monter à bord. Il y a toujours un travail de recoupement: combien de passagers ont pu monter à bord et comment», a expliqué M. Chevrier.

Les onze tués faisaient partie d'une équipe d'une cinquantaine de techniciens et cheminots à bord de la rame, qui effectuait un essai sur la ligne à grande vitesse destinée à relier Paris à Strasbourg en 01h48, à partir d'avril 2016, contre 02h20 actuellement. 

En raison de cet accident, la mise en service de la ligne à grande vitesse (LGV) Paris-Strasbourg, qui devait intervenir en avril 2016, sera reportée, a affirmé à Paris Jacques Rapoport, numéro deux de la Société nationale des chemins de fer (SNCF).

À Eckwersheim (Bas-Rhin), sur les lieux de l'accident, les opérations de levage étaient toujours en cours en début de soirée.

Dans la journée, à l'aide de câbles d'acier accrochés à la rame, les secouristes ont sorti de l'eau la motrice arrière et une voiture à l'aide d'une grue, sous les regard de dizaines de promeneurs médusés.

Selon les pompiers, les opérations devaient s'achever dimanche à minuit.