Des dizaines de milliers de personnes venues de toute l'Espagne ont marché samedi à Madrid contre les violences faites aux femmes, qui ont encore fait 41 victimes en 2015, a constaté l'AFP.

Au cri de «nous ne sommes pas toutes là, il manque les mortes!» ou encore «la lutte sera féministe ou ne sera pas», les manifestants - hommes et femmes - ont manifesté dans le centre de la capitale à l'appel de plus de 400 associations féministes.

Près de 300 autobus transportant des manifestants de toutes les régions du pays ont convergé dans la matinée à Madrid, ont précisé les organisateurs.

En cette période de précampagne électorale avant les législatives du 20 décembre, étaient également présents des représentants des principaux syndicats et de tous les partis politiques, dont le chef de l'opposition socialiste Pedro Sanchez ou celui de Podemos, Pablo Iglesias.

«La crise économique fait que beaucoup de femmes ne quittent pas leur bourreau parce qu'elles n'en ont pas les moyens», estimait une manifestante, Marisa Teijero, 61 ans, jugeant alors «plus que jamais nécessaire de débloquer des ressources publiques».

Par ailleurs, pour Nacho Molina, informaticien de 49 ans, la présence d'hommes à cette manifestation est «fondamentale». «En Espagne, il faut encore un peu éduquer les hommes pour qu'ils en finissent avec le machisme».

Selon les données du gouvernement espagnol, en 2015, 41 femmes sont mortes sous les coups de leur compagnon ou ex-compagnon. Seules sept des victimes avaient porté plainte précédemment.

Poignardées, frappées ou même brûlées, le cas de chacune d'elle a été relaté dans les médias dans un pays très sensibilisé à la question.

L'Espagne a pourtant été citée en exemple par le Conseil de l'Europe, le pays faisant figure de pionnier avec l'adoption en 2004 d'une loi contre les violences faites aux femmes, entrée en vigueur l'année d'après.

Elle a permis notamment la mise en place d'un numéro de téléphone d'urgence qui n'apparaît pas dans la facture de téléphone, d'une assistance juridique gratuite, de mesures d'éloignement ou encore de résidences d'accueil pour les femmes maltraitées.

Entre janvier 2003 et mai 2015, 779 femmes ont été tuées par leur conjoint ou ex-conjoint en Espagne. Le nombre annuel de victimes a tendance à baisser depuis 2008. De 71 en 2003, le nombre de victimes était passé à 54 en 2014.

Les organisations féministes demandent également à ce que la lutte s'organise contre les agressions sexuelles, le harcèlement au travail ou encore la traite des femmes.