Le bilan des décès suite à l'incendie dans une discothèque à Bucarest s'est nettement alourdi samedi, neuf personnes ayant succombé à leurs blessures alors que quelques milliers de Roumains ont de nouveau manifesté contre leur classe politique jugée corrompue.

Le bilan officiel de la tragédie, qui a traumatisé la Roumanie et provoqué la chute du gouvernement du social-démocrate Victor Ponta, s'élève désormais à 41 morts.

Au total, sept blessés grièvement brûlés sont décédés dans des hôpitaux de Bucarest, selon plusieurs sources médicales et gouvernementale.

Deux autres, un de nationalité roumaine, l'autre italienne, sont morts aux Pays-Bas où ils avaient été transférés la veille pour y être soignés, avait indiqué le premier ministre par intérim Sorin Campeanu lors d'une conférence de presse du gouvernement samedi.

Une centaine de personnes, surtout des jeunes, sont toujours hospitalisées, dont une quarantaine se trouvent dans un état « grave et critique », selon le dernier bilan.

La veille, 16 blessés avaient été transportés par avion vers des hôpitaux en Belgique et aux Pays-Bas. Samedi, deux autres ont été transférés en Autriche, a indiqué le ministère de l'Intérieur.

Un violent incendie s'était déclenché le 30 octobre dans une boite de nuit du centre de la capitale lors d'un spectacle pyrotechnique au cours d'un concert de hard rock.

Les premiers éléments de l'enquête ont montré de nombreux manquements aux règles de sécurité, notamment une seule porte ouverte, pas de sorties de secours et des matériaux inflammables utilisés pour l'isolation acoustique.

Les trois patrons de la boite de nuit Colectiv, accusés d'homicide involontaire et en détention provisoire depuis mardi, n'avaient en outre pas les autorisations requises pour accueillir des concerts, et encore moins des spectacles pyrotechniques.

Cristian Popescu Piedone, le maire du 4e arrondissement de Bucarest où était située la discothèque, a lui aussi été arrêté et placé en détention provisoire pour trente jours samedi soir pour abus de fonction.

L'accident a provoqué un mouvement de protestation sans précédent dans le pays contre une classe politique largement corrompue et jugée responsable de la tragédie.

Le premier ministre Victor Ponta, sous pression depuis des mois en raison de ses déboires avec la justice, a démissionné mercredi.

Samedi, environ 3000 Roumains selon les autorités, surtout des jeunes, sont descendus dans les rues de Bucarest pour le cinquième soir d'affilée afin d'exiger un changement profond de la société roumaine.

« Roumanie, réveille toi! », « Colectiv! », ont scandé les manifestants réunis sur la place de l'université, haut lieu de la révolution populaire contre le régime du dictateur Nicolae Ceausescu en 1989.

Des centaines d'autres ont manifesté dans d'autres grandes villes du pays, notamment Cluj, Sibiu (nord) et Timisoara (ouest).

Ils étaient toutefois nettement moins nombreux que la veille, quand quelque 15 000 personnes au total avaient manifesté dans le pays.

« Nous souhaitons un gouvernement de technocrates et le changement de toute la classe politique, de tout le système » a déclaré à l'AFP Petru Acon, représentant de l'Union nationale des étudiants.

« Le Parlement doit démissionner, le gouvernement l'a déjà fait. Mais on ne veut pas d'élections anticipées avec ces mêmes partis et avec ce même système », a ajouté Mircea Radea, historien rencontré samedi soir lors de la manifestation à Bucarest.

Le chef de l'État conservateur Klaus Iohannis a entamé jeudi des discussions avec les différents partis parlementaires, mais aussi - chose inédite dans le pays - avec des représentants de la société civile et des manifestants, pour trouver un nouvel exécutif. Les consultations doivent reprendre en début de semaine prochaine.