Le président roumain Klaus Iohannis a mis en cause samedi le non-respect de la règlementation après le terrible incendie survenu la veille dans une discothèque de Bucarest qui a fait 27 morts, des jeunes pour la plupart.

«Je suis triste, bouleversé mais aussi révolté qu'une tragédie d'une telle ampleur ait pu se produire au milieu de Bucarest», a déclaré le chef de l'Etat, affirmant que les autorités avaient «déjà des indices montrant que la réglementation n'a pas été respectée».

Et après s'être rendu sur les lieux de l'accident, le président roumain a jugé «inimaginable qu'il y ait pu y avoir autant de gens réunis pour un concert dans un tel espace et qu'une tragédie ait pu se produire dans un temps aussi court parce que des normes simples (de sécurité) ont été ignorées».

«Des procureurs se sont en train de recueillir des preuves, c'est un travail particulièrement minutieux, qui prend du temps», a déclaré à l'AFP la porte-parole du Parquet général, Simona Frolu.

Les enquêteurs vont par la suite auditionner des témoins, a-t-elle précisé.

Le gouvernement a annoncé «un deuil national de trois jours» après ce drame, le plus grave du genre dans la capitale roumaine.

Des étrangers figurent parmi les victimes, selon le premier ministre social-démocrate Victor Ponta qui a dit sa «solidarité envers les citoyens étrangers qui ont été blessés ou ont péri», sans donner plus de précisions à l'issue d'une réunion du gouvernement.

Aucun décès étranger n'a été signalé de sources médicales, lesquelles font état d'une Italienne, deux Espagnols et un Allemand blessés.

Onze victimes, dont sept morts, n'ont pas encore été identifiées, a indiqué le ministre de la Santé Nicolae Banicioiu.

Plusieurs centaines de jeunes - entre 300 et 500, selon le ministère de l'Intérieur - s'étaient donné rendez-vous dans la boîte de nuit «Colectiv» pour un concert du groupe de hard rock roumain «Goodbye to Gravity», qui faisait la promotion de son nouvel album à la veille d'Halloween.

Les deux guitaristes figurent parmi les décédés, tandis que les trois autres membres du groupe sont grièvement blessés, a indiqué l'agence Mediafax.

Une explosion s'est produite pendant un show pyrotechnique, juste avant la fin du concert, ont indiqué des témoins cités par les médias locaux.

Un pilier et une partie du plafond se sont enflammés, et le feu s'est propagé rapidement via les matériaux d'isolation acoustique. Une épaisse fumée s'est alors dégagée dans la discothèque, semant la panique dans la foule.

Un représentant d'une société privée qui s'était occupée de l'isolation phonique a déclaré à la chaîne DigiTV que les patrons du club avaient choisi la solution la moins chère, sans s'inquiéter des risques d'un incendie et sans demander l'autorisation des pompiers.

De nombreux blessés souffrent de blessures aux jambes, après avoir été piétinés dans une bousculade, et d'intoxication, et pour les plus grièvement touchés de brûlures sévères, selon les autorités sanitaires.

«Chaos total»

«Les gens s'évanouissaient à cause de la fumée. C'était un chaos total, les gens se piétinaient», a déclaré un rescapé, Victor Ionescu, à Antena 3.

Selon un autre témoin Alin Panduru, le feu s'est propagé «en l'espace de 30 secondes».

«Les gens n'ont pas pu sortir de la discothèque car il n'y avait qu'une seule sortie ouverte et que la bousculade s'est formée immédiatement», a-t-il raconté au site d'information Hotnews.

Selon plusieurs médias, l'autre porte de sortie était fermée au moment du drame.

Près de 200 personnes ont été blessées, dont 146 ont été hospitalisées, a précisé le secrétaire d'Etat à l'Intérieur Raed Arafat.

Selon une source médicale, 10 personnes se trouvent dans un état critique. «Le pronostic vital est très sombre», a déclaré un représentant de l'hôpital des Grands Brûlés de Bucarest lors d'un point presse.

Le ministère de l'Intérieur a mis à la disposition des familles plusieurs numéros de téléphone pour qu'elles puissent s'informer sur leurs proches.

Répondant à des appels sur Facebook et du ministre de la Santé, des centaines de Bucarestois se sont mobilisés pour donner leur sang.

Très tôt samedi, de longues files d'attente s'étaient formées devant plusieurs hôpitaux et centres de transfusion de la capitale.