«C'est la cohue, ça pousse, ça tire»: le directeur des ressources humaines d'Air France, dont la chemise avait été arrachée par des salariés en colère lors d'une réunion annonçant un plan de «restructuration» menaçant 2900 postes, raconte l'épisode dans Le Parisien daté de lundi.

Le 5 octobre quand le comité central d'entreprise (CCE) débute, «l'ambiance est déjà tendue. Des SMS réguliers m'informent que les manifestants s'approchent. Vers 10h15, ils sont près du siège. À ce stade, nous avons encore confiance dans le portail», confie Xavier Broseta au quotidien.

«Tout s'accélère quelques minutes plus tard, je reçois un SMS d'un collègue qui est dehors, dans la foule: "Évacuez"», raconte-t-il.

Le secrétaire de la séance, un syndicaliste de la CGT, souhaite poursuivre les discussions, pensant «qu'il n'y a pas le feu» puis «tout est confus», ajoute le DRH.

Alors que le PDG d'Air France Frédéric Gagey a déjà été évacué, des responsables syndicaux tentent de protéger Xavier Broseta et d'autres membres de la direction. «C'est la cohue, ça pousse, ça tire, on tente d'aller dans une autre salle (...). Ma veste se déchire, je la prends dans mes bras avec mes affaires. Nous sommes poursuivis», se remémore le responsable.

Dehors sur la pelouse, «quelqu'un m'attrape par-derrière, tire le col de ma chemise, si fort que le bouton du col lâche. On me tire fort vers l'arrière et moi je tire fort dans l'autre sens pour me dégager. Tous les boutons sautent, ma chemise y reste», ajoute-t-il. Avec un autre dirigeant d'Air France, ils escaladeront une grille pour échapper aux manifestants.

M. Broseta a porté plainte car «certaines formes de violence n'ont pas leur place dans une négociation», estime-t-il.

Dix-huit salariés sont concernés par des procédures de sanctions, 12 pour les dégradations de matériel ou ouverture frauduleuse des portes d'accès au siège, et six pour des agressions physiques, indique M. Broseta.

Cinq personnes sont par ailleurs poursuivies par la justice pour violences en réunion.

Air France qui a déjà perdu 5500 postes entre 2012 et 2014, est dans la tourmente depuis que direction et pilotes ont échoué à s'entendre sur un plan de développement prévoyant que tous les navigants volent une centaine d'heures de plus par an.

Faute d'accord, la compagnie a présenté le 5 octobre un plan de «restructuration» menaçant 300 emplois de pilotes, 900 d'hôtesses et stewards, 1700 au sol, sur 2016-2017.