Le président islamoconservateur turc Recep Tayyip Erdogan a admis mardi de probables «fautes» du pouvoir dans l'attentat qui a coûté la vie à 97 personnes samedi à Ankara, affirmant que cette attaque, la plus meurtrière de l'histoire de la Turquie, trouvait ses «origines» en Syrie.

«Il a dû sans conteste y avoir une faute, une défaillance à un certain moment. De quelle importance ? Ce sera clair après l'enquête», a dit M. Erdogan devant la presse, trois jours après l'attentat le plus meurtrier de l'histoire de la Turquie.

Dans ce contexte il a déclaré avoir ordonné une enquête spéciale sur d'éventuels dysfonctionnements au sein de l'État.

«Pour apporter une perspective différente (...) j'ai ordonné une enquête sur cette attaque du Conseil d'inspection de l'État (DDK)», a déclaré M. Erdogan lors d'un point de presse avec son homologue finlandais, Sauli Niinisto, en visite en Turquie.

Une défaillance des forces de l'ordre encadrant les participants d'une «marche pour la paix», qui devait débuter devant la gare de la capitale turque où deux kamikazes se sont fait exploser, est évoquée depuis le drame.

En outre le parti prokurde HDP (parti de la démocratie des peuples), ennemi juré de M. Erdogan, avait accusé l'État turc d'être derrière l'attaque.

L'homme fort de Turquie a pointé du doigt la Syrie où cette attaque pourrait avoir été planifiée.

«D'après les renseignements reçus (par la Turquie), cette attaque terroriste trouve ses origines en Syrie», a-t-il souligné tout en indiquant que «toutes les options étaient étudiées», évoquant notamment la piste de la rébellion kurde du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).

Lundi, le premier ministre turc Ahmet Davutoglu avait désigné le groupe de l'État islamique (EI) comme le principal suspect.

La Turquie fait part de la coalition internationale menée par les États-Unis pour lutter contre l'EI en Syrie.

M. Erdogan qui est sorti de son silence après cet attentat à l'occasion de ce point de presse, a de nouveau condamné un «attentat terroriste lâche», exhortant le peuple turc à l'unité.

«Les responsables seront poursuivis en justice», a assuré le chef de l'État turc, estimant que le drame constituait «une épreuve» que la Turquie devait traverser.

M. Erdogan qui dirige la Turquie depuis 2002, d'abord comme premier ministre et ensuite chef de l'État depuis 2014, est accusé par ses détracteurs d'autoritarisme croissant.

Il a été interrogé sur ce point par un journaliste finlandais qui lui a demandé s'il était un «dictateur».

Sèchement il lui a répondu: «Si j'avais été un dictateur, vous n'auriez pas pu me poser cette question».