Le Parlement grec a voté dans la nuit de mercredi à jeudi la confiance au gouvernement de gauche radicale d'Alexis Tsipras, ainsi à pied d'oeuvre pour appliquer les mesures d'économies et réformes promises aux créanciers du pays en échange de son sauvetage financier.

L'équipe gouvernementale qui allie le Syriza de M. Tsipras à la droite souverainiste (Anel) de Panos Kammenos a fait le plein de ses voix, obtenant la confiance de 155 députés sur 300.

Toute l'opposition, des néonazis d'Aube Dorée aux socialistes du Pasok en passant par les communistes du KKE ont voté «non». Le rival de droite de M. Tsipras, le conservateur Vangelis Meïmarakis, a justifié cette défiance en accusant le premier ministre d«'escroquerie politique» et d'avoir aggravé la situation économique du pays.

Le vote concluait trois jours de débats sans réel enjeu, tant la feuille de route du nouveau gouvernement est définie par l'accord conclu le 13 juillet entre M. Tsipras et les bailleurs de fonds, UE et FMI, du pays surendetté, pour lui éviter d'être poussé hors de la zone euro.

Avant le vote, M. Tsipras a réaffirmé que son «premier objectif» est de se conformer sans tarder aux engagements envers les créanciers, afin d'obtenir ainsi en novembre leur feu vert «pour conclure d'ici la fin de l'année la recapitalisation des banques et entamer la discussion pour une réduction de la dette» du pays.

Il s'est félicité du soutien apporté selon lui mercredi à Strasbourg par le président français François Hollande «à la nécessité de restructurer la dette». Dans un discours devant le parlement européen, M. Hollande a souhaité que l'accord entre Athènes et ses créanciers «se traduise maintenant par une discussion sur le service de la dette».

M. Tsipras a aussi jugé que la Grèce pourrait recommencer à emprunter sur les marchés «début 2017».

Il a réitéré que la mise en oeuvre rapide des mesures dictées par les créanciers était le meilleur moyen de s'affranchir rapidement de leur tutelle, et de permettre «une sortie définitve de la crise» d'ici la fin de son mandat de quatre ans.

Lâché par l'aile gauche du Syriza après l'accord de juillet, qui reniait ses promesses de rompre avec l'austérité l'ayant propulsé au pouvoir en janvier, M. Tsipras avait démissionné le 20 août pour forcer de nouvelles élections, qu'il a largement remportées le 20 septembre avec 35,46% des voix contre 28,10% pour le principal parti de droite.

Retour au calme? 

Dans la foulée, le premier ministre a reconduit à leurs postes ses ministres-clés, dont le ministre des Finances Euclide Tsakalotos, très apprécié de ses pairs européens, contrairement à son prédécesseur Yanis Varoufakis.

M. Tsakalotos a calé lundi à Bruxelles avec ses homologues de la zone euro la série de mesures qu'Athènes devra mettre en place d'ici mi-octobre pour que le pays décroche 2 milliards d'euros issus du nouveau plan d'aide de 86 milliards d'euros sur trois ans qui lui a été consenti cet été, le troisième du genre depuis 2010.

Ces deux milliards, et un autre milliard un peu plus tard, qui sera également accordé sous condition, font partie d'une première tranche du plan d'un montant de 26 milliards d'euros, dont le déboursement a été décidé par les créanciers à la mi-août: 10 milliards ont été consignés pour la future recapitalisation des banques grecques, et 13 autres ont été immédiatement absorbés en août et septembre pour des remboursements de la Grèce à la BCE et au FMI.

La liste des réformes inclut de nouvelles coupes dans les retraites, une réforme de l'impôt sur le revenu et un durcissement de la fiscalité pesant sur les agriculteurs.

Ce programme «devra être adopté par le parlement aux environs du 15 octobre», raison pour laquelle M. Tsipras a demandé à ses ministres de préparer d'ici vendredi les textes qui devront être votés, a indiqué mercredi la porte-parole du gouvernement, Olga Gerovassili.

De quoi ramener un peu de calme dans les relations avec les partenaires de la Grèce et dans sa gestion. La Banque de Grèce s'est félicitée mercredi d'un signal en ce sens, avec une «amélioration de la situation des liquidités des banques grecques» et une «stabilisation du flux des dépôts», qui a conduit la BCE à abaisser le niveau des prêts d'urgence (ELA) en faveur des banques grecques, de 89,9 mds à 87,9 milliards.