Le premier ministre David Cameron a officiellement  ouvert la voie à sa succession, en confirmant mercredi qu'il comptait pleinement utiliser les cinq prochaines années de son mandat sans en briguer un troisième, lors de son discours de clôture du congrès annuel des Conservateurs.

«Je peux dire quelque chose aujourd'hui que peut-être aucun autre Premier ministre n'a jamais pu dire auparavant: je commence la deuxième moitié de mon temps dans ce job (...)   et je ne vais pas faire campagne pour une autre élection à la tête du parti», a déclaré David Cameron à Manchester.

«Je n'ai donc pas le luxe d'un temps illimité», a-t-il ajouté devant les militants et cadres de son parti, réunis depuis dimanche, se disant «tout autant pressé qu'il y a cinq ans».

Applaudi pendant près d'une minute lors de son entrée sur scène, David Cameron a pris le temps de revenir sur sa victoire inattendue aux élections de mai dernier, qui a conduit à la formation du premier gouvernement 100% conservateur en près de vingt ans.

Avant ces élections, il avait nonchalamment annoncé dans sa cuisine, tout en épluchant des carottes, qu'il ne comptait pas se présenter une troisième fois devant les électeurs britanniques, lâchant alors les noms de trois potentiels successeurs: George Osborne, Boris Johnson et Theresa May.

Hommage appuyé

Les deux premiers ont été clairement mentionnés dans son discours mercredi, tandis que Theresa May fut simplement citée au détour d'une phrase.

David Cameron n'était d'ailleurs pas présent en personne mardi pour écouter le discours très ferme contre l'immigration de sa ministre de l'Intérieur, tandis qu'il était là pour ceux du maire de Londres Boris Johnson et du ministre des Finances George Osborne.

Ce dernier, actuellement grand favori au sein des membres du Parti conservateur, a été gratifié d'un «notre chancelier de fer» par David Cameron mercredi.

Mais c'est le maire de Londres, Boris Johnson, qui eut le droit à l'hommage le plus appuyé du dirigeant britannique. «Il a servi ce pays, il a servi ce parti, et il y a encore beaucoup plus à venir», a déclaré David Cameron, le félicitant pour son discours plein d'humour prononcé mardi.

L'excentrique maire de Londres, plus populaire auprès du public qu'au sein du parti conservateur, sera intégré dans l'équipe ministérielle une fois son mandat terminé en mai prochain.

Piques contre le Labour

Mais, quel que soit son successeur, David Cameron s'est montré bien décidé à utiliser les cinq années qui lui reste pour rendre son pays encore «plus fort».

Dans son discours de près d'une heure, à la fois parsemé d'attaques contre le Parti travailliste et son nouveau leader Jeremy Corbyn et d'appels du pied à l'électorat traditionnel du Labour, il a dessiné les grandes lignes de son programme pour les cinq prochaines années.

Le dirigeant britannique a ainsi alterné les accents sociaux, appelant «le parti conservateur, moderne et compatissant» à mener une «bataille sans merci contre la pauvreté», et les accents sécuritaires, ambitionnant de vaincre l'extrémisme «une bonne fois pour toutes», à l'étranger et dans le pays.

À l'inverse, il n'a accordé que quelques phrases à la délicate question de l'appartenance du Royaume-Uni à l'Union européenne, sur laquelle un référendum doit se tenir d'ici fin 2017 et qui a animé de nombreux débats en marge de la conférence.

Elles ont toutefois suffi pour réaffirmer très clairement sa position alors qu'il est en pleine négociation avec ses partenaires européens: «Croyez-moi, je n'ai aucun attachement romantique à l'Union européenne et ses institutions. Je suis seulement intéressé par deux choses: la prospérité et l'influence du Royaume-Uni», a-t-il assuré.