Des dizaines de milliers de manifestants ont défilé mercredi dans les rues de Bruxelles contre les mesures d'austérité du gouvernement de droite du premier ministre Charles Michel, une marche marquée par quelques incidents en fin de parcours.

Selon la police, quelque 80 000 personnes manifestaient dans le centre de la capitale européenne, alors que le front commun syndical, organisateur de la marche, annonçait pour sa part le chiffre de 100 000, un des plus importants défilés de ces dernières années en Belgique.

Avec pour mot d'ordre: «Rien que des miettes pour nous», les manifestants brandissaient des drapeaux rouges et des pancartes montrant des assiettes avec des miettes.

«Le fossé entre les riches et les pauvres a explosé avec la crise», a expliqué à l'AFP un manifestant, Ludo, un assistant social de 26 ans.

«Cela devient catastrophique, c'est de la survie. Il faut travailler plus pour gagner moins, c'est toujours la politique qui s'engraisse», a renchéri Sylvie, une jardinière.

La première chaîne de télévision belge a fait état d'incidents isolés entre dockers venus d'Anvers et forces de l'ordre. Selon un photographe de l'AFP, au moins un policier a été blessé lors d'échauffourées.

À l'arrivée du cortège près de la gare du Midi, des affrontements ont éclaté avec un groupe de manifestants qui ont lancé de pavés sur la police, selon des témoins. Celle-ci a répliqué avec des canons à eau et des gaz lacrymogènes, a indiqué une porte-parole des forces de l'ordre.

Des dockers du port d'Anvers ont aussi mis le feu à des drapeaux.

«La police a appelé les manifestants à quitter les lieux. Ceux qui restent seront arrêtés», a averti une porte-parole de la police, interrogée par l'AFP.

Un concert festif prévu à la fin du défilé sur une grande place où trône une grande roue foraine a été annulé.

Des débrayages avaient également lieu dans plusieurs secteurs, entraînant des perturbations dans les transports en commun, les administrations et l'enseignement, notamment. Les fédérations patronales du pays ont toutefois souligné que leur impact était très limité dans le privé.

Vendredi est prévue une grève nationale dans les chemins de fer.

Le 6 novembre 2014, une manifestation monstre avait rassemblé plus de 100 000 personnes à Bruxelles contre les mesures d'austérité du nouveau gouvernement de droite, une mobilisation sociale historique en Belgique, qui compte 10 millions d'habitants.

Depuis un an, les revendications des syndicats sont les mêmes et de l'aveu même des syndicats, rien ou presque, n'a pourtant été obtenu.

Ainsi, en juillet dernier, a été définitivement approuvé malgré leur mécontentement le relèvement de l'âge de la retraite à 66 ans en 2025 et 67 ans en 2030, contre 65 ans actuellement.

Le gouvernement belge avait aussi dévoilé les grandes lignes du «virage fiscal» qu'il entend mettre en oeuvre pour alléger le coût des salaires et renforcer la compétitivité du pays, et décidé de nouvelles économies garantissant selon lui le retour à l'équilibre des finances publiques en 2018.

Parmi les mesures fortement impopulaires: un retour à 21% du taux de la TVA sur l'électricité (abaissée à 6% en 2013), des coupes dans les budgets de la culture, ou encore une augmentation des taxes sur le gazole, le tabac, l'alcool et les boissons gazeuses, qui devraient rapporter 700 millions d'euros en 2016.

Photo Yves Herman, Reuters

PHOTO BELGA/THIERRY ROGE, AFP