À la veille de législatives promettant d'être très disputées, le parti Syriza du premier ministre grec sortant Alexis Tsipras bénéficie d'une légère avance dans les sondages, devant Nouvelle Démocratie, dont le leader Vangélis Meïmarakis a appelé à ne pas disperser les voix de droite.

Chemise blanche, col ouvert et manches relevées, sourire radieux, comme à son habitude, Alexis Tsipras a consacré une partie de son samedi, jour de silence médiatique forcé, à une rencontre, dans un café en plein air du quartier touristique athénien de Monastiraki, avec des jeunes de Syriza.

C'est un pan de son parti de gauche radicale qu'il doit absolument séduire à nouveau, car leur déception a été grande de voir leur champion, en juillet, faire exactement le contraire de ce qu'il avait promis pendant la campagne de janvier : signer sous la contrainte des créanciers du pays, l'UE et le FMI, un troisième plan d'aide au pays en cinq ans, après ceux de 2010 et 2012, d'un montant cette fois de 86 milliards d'euros (129 milliards de dollars). En échange de nouvelles réformes fiscales et sociales difficiles.

Une volte-face qu'il a expliquée sans relâche depuis deux mois par sa volonté d'éviter à la Grèce une sortie de l'euro qui l'aurait plongée dans l'inconnu.

M. Tsipras, qui a démissionné le 20 août après la défection d'un quart des députés les plus à gauche de son parti, opposés à ce plan, bénéficie de la bonne impression laissée par les quatre sondages publiés vendredi, donnant Syriza vainqueur avec une petite avance de 0,7 à 3 points.

Lors de sa dernière réunion vendredi, à Athènes, il s'est dit sûr d'une nouvelle victoire en forme de «message» pour l'Europe, alors que se profilent des élections importantes dans trois des pays européens les plus touchés par la crise, l'Espagne, l'Irlande et le Portugal. Le leader du parti espagnol Podemos, Pablo Iglesias était présent à ce rassemblement.

M. Tsipras a aussi promis de «former un gouvernement stable et fort» dès lundi.

Car au-delà du vainqueur, c'est la composition de la future majorité qui est en jeu dimanche. Tous les sondages pointent vers un gouvernement de coalition, sous la direction soit de Syriza, soit de Nouvelle démocratie.

«Pouvoir construit sur le clientélisme» 

Les deux chefs de parti ont sur le sujet une attitude totalement divergente.

M. Tsipras s'est posé en homme capable d'obtenir la majorité absolue - avec 149 députés sur 300, il l'a frôlée en janvier - et ne s'est ainsi guère exprimé sur les alliances qu'il pourrait être obligé de conclure avec d'autres partis ayant voté le plan d'aide comme To Potami (centre-gauche) et le Pasok (socialistes), 30 députés à eux deux dans le Parlement sortant.

M. Meïmarakis a au contraire directement proposé un grand gouvernement d'union nationale pour mettre ce plan en oeuvre, incluant, sous l'égide de Nouvelle Démocratie, le Syriza, To Potami et le Pasok.

Un tel gouvernement semble être l'option préférée des Grecs, mais M. Tsipras l'a refusé. Son ex-ministre des Finances Euclide Tsakalotos a déclaré dans une interview au quotidien Kathimerini parue samedi «ne pas voir comment on pourrait faire changer la vie publique, et combattre l'évasion fiscale» en s'alliant à «des partis qui ont construit leur pouvoir politique sur le clientélisme».

Semblant un peu moins sûr de lui que M. Tsipras, M. Meïmarakis, qui a néanmoins réussi en deux mois de présidence par intérim à redresser spectaculairement son parti, a appelé les Grecs, «pétris de logique et de démocratie», à ne pas disperser leurs voix en votant pour d'autres groupes de droite dimanche.

Les bureaux de vote seront ouverts de 7h  à 19h (1 h à 12 h, heure de Montréal), heure à laquelle sera publié un sondage à la sortie des urnes, avant les premières estimations officielles autour de 11 h (heure de Montréal).

Il s'agit d'un scrutin par listes, à la proportionnelle avec bonus de 50 députés au parti vainqueur. Les partis ne recueillant pas 3% des voix n'auront pas de députés.

Ironiquement, selon les sondages, ce pourrait être le sort d'Unité Populaire, le parti fraîchement créé par l'ex-ministre de l'Énergie Panayotis Lafazanis. Il rassemble la plupart des députés ayant dit non au plan d'aide au mois d'août, et ayant ainsi provoqué la démission de M. Tsipras et ces nouvelles élections. Unité Populaire a reçu vendredi le soutien du premier ministre des Finances de M. Tsipras, Yanis Varoufakis.